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Longues vues

( 22 avril 2009)

Déroulement

Devant n’importe quel paysage, des "longues-vues" sur pied (simples tuyaux en PVC) sont installées avec une ardoise, tout autour d’une esplanade. En silence, chacun passe à chaque longue-vue, la pointe sur un endroit précis et inscrit un commentaire sur l’ardoise. Selon les objectifs poursuivis, l’on peut ou non effacer ce qui a été écrit précédemment (voir ci-dessous).

Intentions

- Approcher la complexité par le petit bout de la lorgnette, en scrutant le paysage.
- Mettre en évidence de la diversité des points de vue des observateurs.

La complexité peut écraser, étourdir par son chaos. Se donner les moyens de l’approcher. Un de ces moyens : l’approcher par un détail, par un petit élément du grand tout qui nous concerne, qui nous dit quelque chose. Un dispositif méthodologique peut favoriser ou non l’expression et l’échange de points de vue. Ici, il ouvre au plaisir de la découverte d’autres regards. Echange sans confrontation, sans enjeu. Un même détail va être perçu différemment par plusieurs personnes, évoquer des choses différentes, susciter des commentaires divers, de registres parfois extrêmement éloignés. L’échange des points de vue n’est pas imposé. Chacun est libre de décider, à chaque poste, s’il lit ou non le commentaire de l’autre. Cette invitation répétée par le dispositif met en évidence notre désir ou non d’aller vers l’autre, à ce moment-là, et nous invite à y réfléchir.

Si on doit effacer ce qui est inscrit sur l’ardoise par le précédent avant de laisser sa trace, c’est intéressant par le choc provoqué sur le plan philosophique : mise en évidence de l’éphémère de notre trace, que nous avons pourtant investie affectivement, trace qui n’aura été lue que par une seule personne, si elle en a décidé ainsi ; frustration de ne pas d’avoir accès à toutes les traces, quand bien même je le voudrais ; le temps est là, qui s’écoule, et je suis mortel, je ne suis pas omniprésent, je ne serai pas omniscient, je dois vivre avec cette terrible contrainte. Ressentir et penser chaque paysage comme une invitation à un voyage de découverte.

Styles d’apprentissage

Intelligences visuospatiale, verbolinguistique, naturaliste-écologique, intrapersonnelle et interpersonnelle. Convient à ceux qui aiment :
- réduire le complexe en simple, disséquer, extraire des détails d’un ensemble, verbaliser avec précision ;
- imaginer des histoires, exprimer leur fantaisie ;
- manipuler un instrument ;
- observer, exprimer leurs idées, leurs sentiments, leurs émotions. Cadrans : tous. Type d’approche : sensorielle, affective, cognitive.

Conception du paysage : Espace, Héritage, Territoire.

Observations

a. Extraction de détails dans un paysage complexe, un détail auquel je vais donner du sens. Le fait de devoir inscrire quelque chose sur l’ardoise m’oblige à entrer en interaction avec le paysage, à tisser des liens avec lui. Affects, souvenirs, émotions, rêves, réflexions, opinions, association fortuite d’idées, de mots, d’images,... Je me sens désormais concerné par ce paysage, j’ai commencé à l’investir.

b. Devant un même paysage, chacun est attiré par des détails différents. En arrivant à chaque ardoise, je découvre le point de vue de quelqu’un d’autre, passé par là avant moi. Sentiment étrange et ambivalent, qui me rassure et me déçoit en même temps : je (re)découvre qu’il y a d’autres humains dans ce paysage, alors que je viens de ressentir un peu l’ivresse des explorateurs qui découvrent un paysage inconnu. Petit à petit, mon ego détrôné s’adoucit au plaisir d’une autre découverte : celle que les autres vont me procurer. La curiosité pour l’autre, différent de moi, s’ajoute à celle de voir le paysage sous un angle nouveau. Je prends conscience de ma place dans le groupe, de mes points communs et de mes différences.

Transfert potentiel

a. Écriture de légendes à côté de photos illustrant une problématique complexe, à propos d’un détail. Je prends conscience que cette immense chose qui me dépasse a quelque chose à voir avec moi, avec ma vie, alors que je pensais peut-être qu’elle ne me concernait pas du tout. Dès le moment où j’ai établi un lien, quel qu’il soit, cette chose ne m’est plus tout à fait indifférente.

b. Face à une problématique, je ne peux plus ignorer que d’autres personnes perçoivent les choses différemment. Je décide s’il est important ou non d’en prendre connaissance.

Pour citer cet article : Collectif, 2000. "Longues vues", activité de sensibilisation au paysage, Institut d’Eco-pédagogie, Liège, article 83, mis en ligne le 22 avril 2009, URL : http://www.hyperpaysages.be/spip/ar... ?id_article=83 Consulté le ....