Pour répondre à cette question, nous avons relu les récits de vie plus ou moins développés que les assistantes sociales du centre nous ont envoyés par lettre. Chacun d’entre nous a reçu un récit et a du s’identifier au personnage qui y était présenté, s’informer sur la situation politique du pays et sur la problématique l’amenant à venir demander l’asile en Belgique.
Ces personnages sont fictifs mais leurs histoires se basent sur la réalité des personnes qui résident dans le centre.
Nous avons extrait de ces récits les principales raisons qui poussent les demandeurs d’asile à quitter leur pays. Pour chaque raison, nous avons joint un exemple vécu.
1. Les conflits
Dans le centre de Bovigny, tout comme en Belgique en général la majorité des résidents proviennent de pays dans lesquels un conflit persiste (Afghanistan, Irak, Russie(dont Tchétchénie), Pakistan, Somalie, RD du Congo, Serbie, Géorgie...)
Exemple : Je suis un homme âgé de 26 ans, originaire de Russie. Je suis tchétchène et musulman. C’est d’abord mon père qui a été emmené par des hommes armés. Depuis, je ne l’ai plus jamais revu malgré mes recherches. En 2008, j’ai été arrêté par le FSB (Service fédéral de sécurité de la Fédération de Russie). Ils m’ont détenu et pendant cette détention, ont fouillé ma maison pour me confisquer mes documents d’identité. Ils m’ont interrogé su mon père mais j’ignore où il se trouve. Ils n’ont pas voulu me croire et m’ont torturé. Ils m’ont libéré mais des hommes armés ont continué à venir chez moi et à me menacer. J’ai fui en Belgique car ma sœur y habite, pour y demander asile.
2. Les violations des droits de l’homme
a) Dictature ou régime dur qui n’accepte pas la liberté d’expression
Parmi les exemples que nous avons reçus, nous avons identifié les récits d’un Tibétain, d’une Marocaine, d’un burundais et d’un Guinéen qui justifiaient leur demande d’asile pour ces raisons. Voici le récit du Guinéen.
Exemple : Je suis un homme guinéen "conakry", âgé de 35 ans et de religion musulmane. J’ai été arrêté en janvier 2007 lors de la grève générale organisée par l’intersyndicale et j’ai été incarcéré à la sûreté jusqu’en mars 2007. J’ai ensuite été transféré au camps de Kaundara. Une procédure judiciaire a été ouverte contre moi. En fait, j’étais chargé par l’UFDG de maintenir l’ordre durant la manifestation. Ils ont estimé que j’étais une incitation à la désobéissance civile et passible de la peine de mort. Je me suis échappé de la prison car ils allaient m’exécuter.
b) Les discriminations à l’égard des minorités
C’est le cas principalement des Roms (tziganes) qui vivent dans les pays de l’est de l’Europe.
Exemple : Je suis une femme originaire de Slovaquie. J’ai 25 ans et je suis Rom. Là-bas, nous sommes une minorité. Je vivais dans un camp où moi et ma famille tentions de survivre. Au camp, nous n’avions ni eau, ni électricité. La vie devenait impossible. Je suis venue en Belgique pour réaliser mon rêve d’être européenne.
c) Les atteintes à la vie privée
Les exemples sont variés.
Nous avons distingué
Les mutilations génitales
Ces pratiques sont réalisées afin de garantir la virginité des femmes avant leur mariage et leur chasteté après. L’excision est pratiquée traditionnellement dans les pays d’Afrique sub-saharienne ainsi que dans quelques régions du Proche-Orient et d’Asie du Sud Est (Yémen, Indonésie, Malaisie). Selon l’UNICEF, seulement 13 pays africains disposent de lois réprimant les mutilations sexuelles féminines et autres types de violences faites aux femmes.
Les problématiques liées au mariage
Il peut s’agir de l’infidélité qui en Somalie est passible de la peine de mort par lapidation. Mais aussi des mariages forcés. Cette pratique est toujours accompagnée d’une forme de violence physique ou psychologique. Les victimes sont majoritairement des femmes, mais les hommes sont aussi touchés. Il ne s’agit pas seulement de mariages précoces, l’âge moyen des cas recensés étant de 19 ans. Le Maghreb, l’Afrique subsaharienne, la Macédoine, la Turquie, la Russie, l’Asie du Sud est sont principalement touchés.
Exemple : Je suis une femme âgée de 19 ans et originaire d’Algérie. Mon père m’a obligé à me marier avec un homme de 10 ans mon aîné. A l’époque, j’avais un copain. Mon père nous a surpris ensemble. Il m’a enlevé et battu car je lui avait désobéi. Mon père m’a ensuite obligé à avoir des rapports sexuels avec mon futur mari. Le jour avant mon mariage, je me suis enfuie.
L’homosexualité
Dans le monde, plusieurs pays considèrent l’homosexualité comme un crime punissable de mort. D’autres considèrent l’homosexualité comme punissable de prison pour des durées parfois très longues (plus de 5 ans d’enfermement !)
Exemple : Je suis un homme de 23 ans, de religion musulmane et je viens de Mauritanie. Dans mon pays l’homosexualité est réprimandée par la peine de mort. Un jour alors que j’étais avec mon copain dans un lieu inconnu de ma famille et de la sienne, des policiers ont débarqué et nous ont arrêté. Par la suite, ils nous ont battus. Mon copain est d’ailleurs décédé de ses blessures. Pendant la nuit, ils l’ont sorti de la cellule et j’en ai alors profité pour m’évader.
La liberté de culte
Exemple : je suis une femme originaire du Bénin, j’ai 38 ans et je suis catholique. Je suis malade et lorsque j’étais dans mon pays, j’ai adhéré à l’Église du Christianisme Céleste. Je me suis alors faite baptiser et mes problèmes de santé se sont améliorés. Ma famille est contre cette religion et m’a menacée de mort.
Voilà les différentes raisons que nous avons pus relever, qui motivent les gens à venir demander l’asile en Belgique. _ Le CGRA vérifiera que leur histoire est véridique et s’accorde bien à la Convention de Genève.