Compte rendu de notre séjour


Durant trois jours, du 27 avril au 29 avril derniers, nous, élèves de 6GT1 avons eu l’occasion de participer à un jeu de rôle en collaboration avec l’Agence Fédérale pour l’accueil des demandeurs d’asile (Fedasil) de Bovigny (près de Vielsam). Cette expérience a été menée dans le cadre du cours de formation géographique et sociale. Le groupe était constitué de 19 personnes : 18 élèves et notre professeur, madame C. Lemaître.

Chacun avait reçu à l’avance une lettre expliquant sommairement son rôle : nous étions tous des réfugiés et la plupart venaient d’Afrique, d’Asie mineure ou d’Europe de l’Est.

Ainsi sont arrivés le 27 avril 2009 au centre Fedasil de Bovigny, un homosexuel du Cameroun, une ancienne collaboratrice du Hamas, des personnes torturées, violées, ou encore des opposants politiques.


Jour 1

Le 27 avril, nous sommes arrivés à lagare de Gouvy , gare à laquelle arrive la plupart des demandeurs d’asile qui se sont vus attribuer ce centre ardennais comme lieu d’hébergement.

Le personnel du centre est venu nous y chercher en camionnette.

Arrivés à Bovigny, nous avons été accueillis comme de vrais demandeurs d’asile : une permanente, madame Joséphine, nous a donné un sac avec le matériel sanitaire nécessaire au séjour (essuies, brosses à dent, dentifrice...)ainsi qu’une couverture et un coussin.

Après avoir déposé nos affaires dans nos dortoirs, nous nous sommes rendus à la coordination où nous avons reçu le badge du centre indispensable pour les entrées et sorties ainsi que pour la participation à diverses activités. Nous avons reçu également un dossier avec le règlement d’ordre intérieur.

Une assistante sociale dont le rôle était de nous fournir un accompagnement social et administratif a été désignée à chacun d’entre nous. Avec elle, nous avons rempli un questionnaire afin de préparer un éventuel interview au CGRA.

Ensuite, nous avons été reçus par une infirmière qui nous a donné des informations sur les services que le centre offre au sujet de la santé.

Enfin, nous sommes passés à l’économat où l’on procède à la répartition des tâches. En effet, les résidents aident à l’entretien de leur propre espace de vie, que ce soit du nettoyage, de la lessive, des repas ou de la vaisselle. Nous nous sommes donc inscrits et certains d’entre nous ont participé durant ces trois jours, au service des repas ou à la vaisselle.

JPEG - 109.5 ko
Au self service
Anne-Lise, Quentin et un résident font le service

Après le repas du soir, nous nous sommes rendus dans le hall des sports mis à la disposition des résidents. Cela nous a permis d’établir des liens avec les réfugiés.

Jour 2

Levés avant l’aube, nous avons à nouveau pris la camionnette du centre pour nous rendre à la gare de Gouvy..

JPEG - 143.7 ko
Dans le train...
Levés trop tôt, sitôt assis dans le train les élèves piquent un petit somme.

Après un long trajet en train, nous sommes arrivés à Bruxelles, direction une des tours du World Trade Center où se situent les bureaux du CGRA. Là Mr Dermaux nous a pris en charge afin de nous expliquer les étapes en vue d’obtenir le statut de réfugié ou de protection subsidiaire accordé aux demandeurs d’asile. Malgré notre fatigue, nous avons été très intéressés par l’exposé rondement mené par Mr Dermaux. Après cette information, nous avons visité les locaux dans lesquels les demandeurs sont interviewés.

JPEG - 169.1 ko
Au CGRA
Avec Mr Dermaux, visite des locaux où se déroulent les interviews des jeunes mineurs d’âge non accompagnés.

Nous avons ensuite rejoint notre centre où nous avons pris le repas du soir. Certains ont passé la soirée à regarder le foot à la TV tandis que d’autres participaient à une petite fête d’anniversaire organisée pour une jeune résidente arménienne avec laquelle nous avions sympathisé.

JPEG - 137.6 ko
Soirée d’anniversaire
Chaleureuse ambiance pour fêter les 16 ans d’une jeune fille arménienne

Jour 3

Le mercredi était d’abord consacré au rangement des dortoirs et à la procédure de départ.

Puis nous avons eu différents débriefings : un premier avec les assistantes sociales, ensuite avec les animateurs du projet et les directeurs du centre.

JPEG - 169.6 ko
Debrifing avec les assistantes sociales

Puis, pour récolter des informations afin de rédiger les articles que vous pouvez découvrir sur ce site, nous avons pu interroger les différents acteurs de ces circonstances de vie particulières. Les réfugiés nous ont informé sur la vie du centre et/ou sur leur parcours et les différents membres du personnel nous ont expliqué leur travail.



De l’avis unanime de la classe, nous trouvons cette expérience pédagogique tentée par Madame Lemaïtre extrêmement enrichissante.

D’une part, elle nous a permis de dépasser un grand nombre de préjugés sur les demandeurs d’asile.

D’autre part, nous avons été touchés par la chaleur de la plupart des résidents mais aussi par leur destin tout à fait incertain, et qui s’annonce pour beaucoup des plus sombres. En effet, il y a très peu d’espoir qu’ils reçoivent le statut de réfugié, car 5% seulement des demandes aboutissent. Bien qu’aujourd’hui la procédure d’asile en Belgique tente d’être la plus brève possible (6mois), en cas de réponse négative, le demandeur d’asile peut toujours introduire un recours, et, dans ce cas, tout son dossier est réexaminé. Voilà pourquoi certaines procédures durent depuis des années.

Ensuite cela nous a permis de voir à quel point l’attente d’une réponse semble interminable dans ce centre coupé du monde réel où tout parait figé, comme en suspens. Contrairement à la société actuelle où tout s’accélère, ici, seuls les trois repas rythment les journées qui se ressemblent toutes, excepté pour les enfants qui échappent à cette monotonie en allant à l’école. Les parents, eux, se sentent inutiles et se trouvent désormais en bas de l’échelle sociale alors que certains, dans leur pays, occupaient des fonctions importantes.

Tout au long de ce bref séjour, nous avons souvent eu un sentiment de voyeurisme et ce même pour ceux d’entre nous qui avons cherché à nous intégrer au mieux avec les résidents du centre. Nous sommes restés assez passifs et observateurs. Le jeu de rôle n’était pas évident. Si nous avons pu le jouer avec le personnel du centre principalement lors de la première journée, il était tout simplement impossible de le vivre avec les résidents. Là nous redevenions nous-mêmes, élèves de 6GT1, venus visiter le centre. C’est en participant ensemble à différentes activités, en discutant avec eux que nous avons le plus apprécié notre séjour.

Quoi qu’il en soit, ces instants uniques nous ont ouvert les yeux sur ce monde parallèle des demandeurs d’asile.






Retour à la page précédente

Retour à la page d'accueil



Cette page a été réalisée en mai 2009 par Lionel Fisse, Evelyne Annet, Anne-Lise Brabant, Laurent Crebeck, Maxime Cunin, Jennifer Delforge, Mathilde Drese, Laura Gaspard, Denis Genon, Steven Grandjean, Justine Guebel, Pauline Haux, Mike Krantz, Quentin Lambotte, Julie Nadin, Amélie Nys, Pauline Poncelet, Corentin Streel.
Travail scolaire de dernière année de l'enseignement secondaire à l'INDSE.

Crédit photographique : documents réalisés par les élèves, par Catherine Lemaître et Michel Ericx


     


Hyperpaysage : un concept imaginé et développé par
l'Institut d'Eco-Pédagogie et le Laboratoire de Méthodologie de la Géographie de l'ULg


Site tournant sur base du moteur de CMS SPIP, logiciel libre sous licence GNU/GPL