La pessière est un peuplement d'épicéas. L'épicéa, c'est notre " sapin ", nom populaire qui lui a été donné au grand mécontentement des botanistes, puisque cela ne correspond pas à son nom scientifique. Nous sommes dans la Forêt domaniale au sud de Spa, où la futaie résineuse, principalement composée d'épicéas, couvre 656 ha, soit 79%.

Malgré les apparences, ces vastes zones de " sapins " n'ont pas toujours été là.
L'épicéa est originaire des massifs montagneux de l'Europe centrale et de Sibérie. Il a été introduit chez nous au cours de la seconde moitié du XIXème siècle et planté massivement suite à une loi de 1847 obligeant la mise en valeur des lieux incultes (notamment les landes). Or, à cette époque, la forêt originelle, composée de feuillus, avait été intensément défrichée pour augmenter la production agricole et la lande lui avait succédé, couvrant des milliers d'hectares en une crête continue, depuis les villages de Vert-Buisson et Haut-Regard jusqu'au delà du hameau de Malchamps (voir carte de Ferraris). Cependant, le début de l'industrialisation vit l'ouverture de nombreux charbonnages dans la région liégeoise. Du bois était nécessaire pour étayer les conduits souterrains dans la mine. L'Etat encouragea alors le reboisement massif des terres incultes ou peu productives afin de diminuer les importations. L'épicéa fut choisi pour sa croissance rapide (10 à 15 m3/an/ha) et pour ses qualités : quand il est soumis à une forte pression, il " chante ", avertissant ainsi les mineurs d'un danger d'éboulement. Au début du XX^ème siècle, la commune de Spa vendit la plus grande partie de ses bois à l'Etat (le Nord en 1903 et le Sud en 1913). C'est ainsi que la forêt domaniale du Sud de Spa a vu le jour. Dès lors, la forêt fut conduite en futaies mélangées de résineux et de feuillus.