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Géosystème et Système spatial

( 28 juillet 2008)

Pour certains géographes (Beroutchachvili, Bertrand, 1978), l’analyse systémique constitue l’une des façons d’analyser le paysage.

Elle se démarque de l’analyse physionomique classique, fondée sur l’analyse des composants visibles du paysage (relief, climat, végétation, etc.), qui aboutit à des typologies sommaires (zonalité, régions naturelles) puis à des explications sur base d’une analyse multifactorielle.

Elle se distingue également de l’analyse intégrée, ou recherche interdisciplinaire, qui part des regards des différentes disciplines, naturelles ou sociales, sur le paysage, pour les recomposer a posteriori en un ensemble doué de propriétés spécifiques ; elle peut décrire des ensembles complexes, mais parvient difficilement à les expliquer car les mécanismes échappent aux analyses disciplinaires traditionnelles. Il convient de "considérer le paysage comme un "polysystème" regroupant des systèmes eux-mêmes complexes mais bien individualisés" (Bertrand, 1978).

La "science du géosystème" considère a priori le paysage comme un tout auquel est appliquée la théorie générale des systèmes de L. Von Bertalanffy (1972) et de la cybernétique. Tout comme l’écosystème, le géosystème constitue une application de la modélisation systémique de la nature.

C’est surtout le travail quantitatif requis pour pouvoir rendre compte du fonctionnement du système qui distingue cette approche des deux autres (bilans de matière et d’énergie, mesure des "états" spatiaux et temporels du géosystème). Mais si beaucoup de géographes s’accordent pour considérer l’espace comme un système, « il n’existe pas de consensus pour croire possible que la formalisation des caractéristiques de ce système pourrait permettre d’en prédire la dynamique » (Lévy et Lussault, 2003, p. 891).

« Un système spatial est un ensemble de configurations et d’agencements, composé d’entités reliées et donc interdépendantes, entités à la fois instituées par le système et instituantes du système, au sein duquel on peut repérer des logiques communes de fonctionnement et des dynamiques qui ne se réduisent pas à l’addition des logiques de chaque élément - ce qui constitue la complixité cumulative du système » (Lévy et Lussault, 2003, p. 889).

Parmi les composants du système spatial, les acteurs - individuels et collectifs - ont acquis une place de choix en tant qu’opérateurs actifs de l’émergence et de la dynamique du système, ce qui amène les géographes à rompre avec l’idée d’évolution « naturelle » du système, prévisible et prédictible, tout autant qu’avec l’idée de déterminisme des fins. En cela, elle se démarque nettement de l’approche cybernétique classique. Les méthodes de récolte de l’information et d’analyse en sont également modifiées : « Il semble bien que ce soit en s’intéressant aux signaux faibles, difficiles à mesurer et à situer dans un organigramme, que l’on se donne les meilleurs moyens pour anticiper sur les changements en cours ou à venir » (Lévy et Lussault, op cit., p. 891).

Références

Beroutchachvili N., Bertrand G., 1978. Le Géosystème ou système territorial naturel, Revue Géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, Toulouse, t. 49, fasc. 2, pp. 167-180.

Bertrand G. 1978. Le paysage entre la Nature et la Société, Revue géographique des Pyrénées et du Sud-Ouest, t. 49, fasc. 2.

Lévy J. et Lussault M. (dir), 2003. Dictionnaire de la géographie et de l’espace des sociétés, Paris, Belin.

Partoune C., 2004. Un modèle pédagogique global pour une approche du paysage fondée sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication, thèse de doctorat, Université de Liège, ch. I.

Von Bertalanffy L., 1972. Théorie générale des systèmes, Paris, Dunod.