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Mettre le visible en sourdine

( 8 août 2008)

Percevoir et penser en hyperpaysage, c’est donner une place à tous les sens

L’approche sensorielle, ou "approche par les 5 sens", a marqué depuis une vingtaine d’années les pratiques de l’éducation à l’environnement, autrefois exclusivement cognitives, basées sur des observations visuelles.

Elle a redonné une place aux sens oubliés, quoique très timidement. Dans le domaine de la militance écologique, par exemple, une sensibilisation à la pollution par le bruit conduit progressivement à une prise en compte politique de cette nuisance autrefois négligée ; des sociologues et des géographes s’intéressent aux "paysages sonores" et à leur diversité culturelle.

Plus largement, dans le domaine de l’architecture (Augoyard, 1995) ou de l’aménagement des paysages (Lassus, 1991), le sens de l’ouïe, du toucher et de l’odorat sont remis à l’honneur. "L’ambiance (d’un paysage) est le résultat global de la synthèse fugitive entre eux des volumes, de la lumière, du rapport plein-vide, de la couleur, du végétal, des sons, des odeurs, du mouvement, de l’agitation, du silence..." (Loiseau et alii, 1993, p. 116).

C’est au fond la question de l’identité des paysages qui est revisitée et interrogée plus subtilement, en considérant toute sa complexité et non plus ses éléments pris isolément.

Les objectifs sont de (re)nouer un contact physique fort avec le milieu, d’être à l’écoute des capteurs sensoriels de son corps (parfois dans une dérive sensualiste), mais aussi d’acquérir "les mots pour le dire". Nous sommes en effet peu familiers des termes pour qualifier une odeur, une texture, une saveur,....

Mais on peut encore élargir la proposition d’Aristote, limitée aux traditionnels cinq sens. Ainsi, le sens kinesthésique (le corps en mouvement dans l’espace) intervient de manière forte dans le contact avec les paysages : "équilibre, coordination, sens de l’espace, de l’orientation, la vision périphérique, etc." (Thuriet, 1999).

Références

Augoyard J.-F., 1995. L’environnement sensible dans les ambiances architecturales, L’espace géographique, t. 24, n°4, pp. 302-318.

Lassus B., 1991. Le paysage comme organisation d’un référent sensible, Paris, Le Débat, n° 65.

Loiseau J.-M., Terrasson F., Trochel Y., 1993. Le paysage urbain, Paris, éd. Sang de la Terre.

Partoune C., 2004. Un modèle pédagogique global pour une approche du paysage fondée sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication, thèse de doctorat, Université de Liège, annexes, p. 59.

Thuriet E., 1999. Des prérequis sensoriels pour suivre à l’école ?, in Paris, Cahiers pédagogiques, Des sens à la sensibilité, quelle éducation ?, n° 374.