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Prise de vues "cartes postales emblématiques des paysages du territoire"

( 23 février 2010)

Déroulement

1. Prise de vues.

Sur un trajet de quelques kilomètres, un appareil photo digital circule de mains en mains. Mise en situation : "L’office du tourisme souhaite renouveler son stock de photos de paysages de la région. Il a lancé un concours de photos." Chacun dispose de l’appareil photo pendant 10 minutes sur le trajet, pour prendre deux photos à soumettre au "jury".

2. Construction du concept "paysage"

Cette série de photos peut être utilisée dans une phase de structuration théorique consacrée au concept de paysage :

- projecter une première fois les photos en "slide-show" : chacun note sur des post-it les mots clés qu’il y associe (1 ou 2 par photo) ;
- seconde projection de la série en rappelant que pour une personne au moins, la photo représente un paysage ; en silence, chacun prend position pour chaque photo, comme s’il faisait partie du jury, en répondant à la question : "est-ce ou non un paysage pour moi ?"

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Est-ce un paysage ?
Cliché : M. Pirenne, Liège, 2002.

- à l’issue de la projection, chacun fait le point et note sur d’autres post-it plus grands et de deux couleurs différentes : des critères ou indicateurs qui permettent d’affirmer "oui, c’est un paysage" - des critères qui permettent d’affirmer le contraire.
- en sous-groupes, les participants organisent les mots en un conceptogramme-cible avec, au centre, les mots qui constituent le coeur du concept - plus loin, les cas particuliers, puis aux extrémités, les mots "non".

Après la mise en commun des conceptogrammes, une dernière série de photos, préparée par les formateurs, est proposée pour enrichir les représentations, introduisant d’autres variables (du sol, d’avion, de satellite, oblique, verticale ; uniquement urbain et sans nature ; paysage industriel ; gros plan du mur vu par l’orifice d’une cellule ; peinture de paysage).

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Vue aérienne oblique
Cliché : C. Partoune, Liège, 2002

Une réflexion est proposée sur le principe même de la définition, sur sa finalité. Des informations sont données sur l’histoire du concept de paysage. Les participants seront invités, en fin de formation, à construire une définition du paysage qui leur soit utile.

Intentions

Paysages-symboles, paysages-types, paysages-messages, paysages-illusions : en étant auteur d’un cadrage, je deviens acteur critique des autres cadrages.

Connexion culturelle : cartes postales de vacances, calendriers sur le thème du paysage (une manière de fixer le temps-paysage : images balises du temps).

En mettant l’accent sur le contexte "concours de photos", on induira un questionnement du type : "Qu’est-ce qu’une belle photo de paysage ? Y -a-t-il des règles à respecter ? Qu’est-ce qui se vendra le mieux ?".

Prise de conscience des facteurs culturels qui influencent nos goûts, nos choix, et donc notre regard sur le paysage. Par cette action, je cherche à donner du sens, une signification à l’image que je vais capter. Que j’en sois conscient ou pas, cette image contiendra un message, traduira quelque chose de moi. Toutes les photos que je prendrai auront une signification, exprimeront ma recherche, mes hésitations, et puis, peut-être, le moment où j’aurai touché quelque chose, où l’image et ce que je ressens seront en phase, où l’image me parlera. Le discours du beau et du laid n’a plus de sens, ici. Ce qui importe, c’est la relation que j’établis avec l’image.

Ressentir et penser chaque paysage comme un kaléïdoscope de fenêtres sur ma vie intérieure.

Styles d’apprentissage

Intelligences visuospatiale, intrapersonnelle et interpersonnelle. Convient à ceux qui aiment :
- manipuler des instruments, procéder avec méthode ;
- travailler, jouer avec l’espace ;
- exprimer leurs idées, leurs sentiments par l’image ;
- acquérir des informations sur les normes, les règles ;
- débattre. Cadrans : imagination - pragmatisme et émotions puis conceptualisation. Type d’approche : sensorielle, affective, esthétique, cognitive.

Conception du paysage :

Média, Ressource.

Observations

1. Chez certains participants, la nature de la mission induit une interrogation autour du concept de paysage : quand je photographie l’intérieur d’une forêt, ou un arbre isolé, est-ce toujours un paysage ? Y a-t-il une définition ? faut-il la respecter ? Est-ce important, par rapport à notre mission, de s’en tenir à une définition rigoureuse du concept de paysage ? D’autres oublient complètement cette particularité de la consigne (photos de paysages de la région) et se laissent emporter par leur fantaisie.

2. À la lecture critique des images, on se rend compte de la "manipulation" possible par le photographe, qui peut valoriser, par son regard, un paysage jugé banal, en changeant simplement d’angle de vue.

3. Au cours de la phase de construction du concept de paysage, les représentations initiales qui reviennent le plus souvent sont que l’on a affaire à un paysage quand l’angle de vue est large, qu’il y a une grande profondeur de champ et une grande quantité d’information. Il ne s’agirait plus d’un paysage quand c’est un détail, un élément isolé (grand ou petit), une personne en portrait.

La construction du conceptogramme-cible induit nécessairement un débat sociocognitif et affectif. Débat sur paysage ouvert ou fermé : pour certains, ce dernier n’est pas un paysage. Débat sur la présence de l’habitat : pour certains, il ne fait pas partie du paysage. Chaque fois, les participants se montrent surpris par le flou d’une définition, de l’existence de définitions différentes, des niveaux de définition différents.

Transfert

Aucun événement médiatisé n’échappe à la manipulation, par les photographes, des paysages qui nous sont offerts. Exercer ce regard critique, deviner les raisons de choisir un cadrage plutôt qu’un autre, ne pas se laisser abuser par la "réalité" des images, chercher le message, deviner l’exceptionnel dans l’uniformité. Notre imaginaire est bien entendu complice de cette démarche de séduction. Oui, les photos de Paris Match sont vraiment exceptionnelles ! Oui, j’avoue avoir acheté un magazine avec les plus belles photos de la chute des Twin Towers ! Nous avons sans doute besoin de ces illusions. Nous avons du plaisir à ne garder que les plus belles images, ou les plus terribles. Dans nos albums photos, quelles sont les images que nous conservons ? Que veut dire une image "qui ne vaut pas la peine d’être gardée" ? Aborder toute problématique en effectuant un travail d’analyse critique des images qui sont véhiculées à son sujet.