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Recherche de sens

( 7 octobre 2008)

Percevoir et penser en hyperpaysage, c’est prendre en considération toutes les dimensions de l’être humain, et notamment son besoin de sacralité

S’interrogeant sur le sens des lieux, les géographes doivent aussi lever le voile sur la sacralité. Jusque là, on se contentait de chercher à expliquer la localisation de telle ville ou de tel village en faisant appel à des facteurs strictement rationnels. Ces derniers peuvent en effet nous satisfaire mais, si l’on observe l’espace alentour, il apparaît souvent que d’autres sites proches offrent des avantages analogues. Il fallait reconnaître que l’espace de toute société est marqué par l’expérience du religieux, du sacré et que, dans toutes les cultures, il est le lieu de croyances fantasmatiques (Godelier, 1984) : lieux maudits ou au contraire chargés d’ondes positives,...

« Ces représentations magicosymboliques de l’espace peuvent, en fonction des personnes, jouer un rôle plus ou moins important, voire prépondérant par rapport à des facteurs rationnels » (Partoune et Wa Kalombo, 2001).

L’enjeu est de taille : "Reconnaître qu’une aire, un édifice religieux, un bois sont sacrés, c’est dire que les réalités sensibles ont moins de densité, de force, de signification que les au-delà dont les esprits humains ont besoin de se doter pour découvrir ce que doit être le monde, fixer les frontières du bien et du mal et donner à tous des raisons d’espérer. Les paysages reflètent ainsi une réflexion sur une ontologie spatiale qu’il faut décrypter et interpréter" (Claval, 2000).

Nous voilà donc au pied du mur : alors que depuis des décennies, notre société, via l’école, nous faisait croire que les décisions se prennent rationnellement, nous sommes maintenant amenés à reconnaître la part vivante des croyances de toute nature, à reconnaître que notre société est encore imprégnée de pensée magique, d’animisme, de fétichisme et de pratiques occultes. Le reconnaître, c’est sortir ces croyances et ces pratiques du tabou, c’est rompre un silence qui nous protégeait, croyions-nous.

Références

Claval P., 2000. Les géographes, le paysage et la modernisation, Colloque de l’UGI, Séoul, Bulletin 50(2).

Partoune C. et Wa Kalombo Katukumbanyi M., 2001, Un outil original pour un recueillir les représentations mentales de l’espace auprès de personnes issues d’Afrique subsaharienne : la simulation à l’aide de figurines symboliques, in L’exclusion et l’insécurité d’existence en milieu urbain, B. Bawin et J.-F. Stassen (dir.), Bruxelles, éd. Luc Pire.

Partoune C., 2004. Un modèle pédagogique global pour une approche du paysage fondée sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication, thèse de doctorat, Université de Liège.