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Calques

( 22 avril 2009)

Déroulement

Par groupes de deux, avec une image de fond de tout le paysage, en bande noir et blanc, + 2 transparents + marqueurs. Consignes : mettre en exergue 2 aspects du paysage : un aspect au choix pour chaque groupe, parmi une liste donnée (nature / flux / pollution / industries / résidentiel / culte / courbes / relief / verticalité /19ème siècle/10 dernières années/rouge, ...) + un aspect choisi librement (fantaisie bienvenue si affinités). La présence d’une personne-ressource à l’issue de la mise en commun permet de donner des éléments de réponse à toute une série de questions qui se posent.

Variante : les aspects à observer sont en lien avec un rôle particulier.

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Différents points de vue sur le paysage
Historien, artiste, géographe, policier, graphiste, architecte, sociologue, naturaliste, plasticien

Intentions

La complexité peut écraser, étourdir par son chaos. Se donner les moyens de l’approcher. Un de ces moyens : l’approcher en structurant le chaos, en triant, en mettant de l’ordre dans le désordre :"Je filtre mon regard sur le paysage". Décomposer, structurer. Multiples lectures, en fonction des critères de tri : aspects physiques (couleurs, formes, nature des éléments), événements invisibles, fonctions, sentiments ressentis, opinions, ... La méthode analytique permet de s’interroger fructueusement : importance d’une composante par rapport à l’ensemble et par rapport aux autres composantes, liens d’interdépendance entre composantes,... Ressentir et penser la complexité de chaque paysage.

Styles d’apprentissage

Intelligences visuospatiale, logicomathématique, verbolinguistique, corporelle et interpersonnelle.

Convient à ceux qui aiment :
- le raisonnement logique et la déduction, la réflexion critique ;
- procéder avec méthode, utiliser des instruments, consigner minutieusement, décomposer en séquences, trier, ordonner ;
- repérer les ensembles visuels, les formes ;
- donner leur avis, prendre en compte les valeurs ;
- acquérir des connaissances, comprendre ce qu’ils observent. Cadrans : tous. Type d’approche : pragmatique, affective, cognitive.

Conception du paysage : Espace, Territoire.

Observations

Que se passe-t-il pour chacun au cours de cette décomposition du paysage en composantes ?

1) Le regard cherche les éléments signifiants. Travail d’identification et de discrimination fine qui requiert parfois une clarification conceptuelle (que mettons-nous dans la catégorie "nature" ?) et active nécessairement un questionnement interprétatif (tel bâtiment est-il destiné au logement ou est-il d’usage public ?). Débouche sur l’explicitation d’un certain nombre de caractéristiques fonctionnelles, qui font que chacun "reconnaît" ou pas un certain nombre d’éléments dans le paysage, ou en devine la présence, même masquée par le relief ou par des masses naturelles ou humaines. Échange de savoirs, enrichissement des capacités de lecture du paysage. Reconnaissance de l’indéterminable en se fiant uniquement à la vue de loin ou de l’illusion potentielle quant à l’affectation d’un bâtiment ou d’un lieu (quand une église est transformée en musée, par exemple, ou quand des arbres cachent des dizaines de caravanes à leur pied). En tant que géographes, nous pouvons faire le lien avec la méthode actuelle des SIG (systèmes d’information géographique), qui procède par superposition de calques.

2) Le choix libre d’une composante élargit et enrichit le champ de l’analyse scientifique classique par l’introduction de regards différents (poétique, artistique, sentimental, fantaisiste, ...). Il amène souvent des dimensions originales qui nous donnent à voir le paysage autrement et suscitent, par conséquent, de nouvelles réflexions ou questions, en plus du plaisir de la découverte.

3) La retranscription de zones sur le calque conduit à en saisir les formes enveloppes et à observer finement leurs limites. Le pointage d’éléments isolés qui ne se démarquent pas nettement dans le paysage force à se donner des points de repère pour les retrouver sur la photo.

4) En fonction des consignes, les résultats mettent plusieurs choses en lumière :
- la part d’une composante dans le paysage et par rapport aux autres composantes ;
- la zonation du territoire et les contrastes ;
- la localisation particulière de certains éléments et la localisation des éléments ou des zones les uns par rapport aux autres ;
- la dynamique du paysage ;
- une ou des structures spatiales ;
- des rapports de force ;
- des choix de valeurs ;
- des choix politiques.

5) La décomposition du paysage en composantes de l’activité précédente et leur juxtaposition induit un questionnement multiple plus approfondi sur le paysage (de quoi s’agit-il ? pourquoi est-ce ainsi ou là ? comment cela s’est-il passé ? combien de... y a-t-il ? qui a fait en sorte que... ? depuis quand ? et demain ?) et conduit à un débat sur l’aménagement du territoire. Sur le plan du rapport au savoir, le dispositif de rencontre avec une personne-ressource oblige chacun à se mouiller s’il veut obtenir l’information qu’il désire, à sortir de la peur ("c’est sans doute une bête question, mais..."). Le fait que la rencontre soit collective invite à tenir compte des autres pour choisir la question à poser ("est-elle susceptible d’intéresser d’autres que moi ?). Elle peut aussi nous révéler notre place dans le jeu social et l’ambiguïté de nos attitudes ("je me rends compte que la réponse à ma question ne m’intéresse pas ; peut-être que je cherchais surtout à poser une question qui ferait de l’effet").

Transfert potentiel

L’analyse classique d’une problématique en identifiant les composantes permet de sortir d’une vision simpliste des choses. La mise en évidence des liens entre les composantes reste encore à faire pour développer une vision vraiment systémique. À côté des dimensions traditionnellement prises en compte (géographique, économique, sociale, politique, culturelle, historique), d’autres plus subjectives peuvent éclairer d’un jour nouveau l’analyse de la situation (dimension psychologique, par exemple) ou tout simplement la prise en compte d’un regard particulier (celui des enfants, des femmes, des vieillards, des malades,...). Le recours à un expert marque l’importance de ne pas s’en tenir à nos perceptions ou croyances. Chercher à compléter notre information auprès de personnes connaissant bien le sujet, tout en restant critiques à leur égard.

Pour citer cet article : Collectif, 2000. "Calques", activité de sensibilisation au paysage, Institut d’Eco-pédagogie, Liège, article 82, mis en ligne le 22 avril 2009 URL : http://www.hyperpaysages.be/spip/ar... Consulté le ....