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Aspects et points de vue sur le paysage

( 7 octobre 2008)

Percevoir et penser en hyperpaysage, c’est avoir le réflexe de prendre en considération tout espace ou toute problématique sous une multitude d’aspects et de points de vue.

Un outil pour diversifier les aspects et les points de vue sur le paysage

Au fil de nos recherches sur le paysage, il est apparu utile de clarifier la façon dont le paysage était considéré, et ce, en fonction du type d’acteur, pour plusieurs raisons. D’abord pour tenter de comprendre les discours, les postures ou les positions des acteurs en question, ensuite pour analyser une situation ou une problématique, enfin pour tenter de trouver des ponts entre les acteurs en cas de conflit d’intérêt ou d’usage.

Une grille de lecture des aspects et des points de vue est proposée ci-dessous. Grossièrement taillé, cet outil doit être considéré comme dynamique, ouvert, non achevé, susceptible d’être enrichi et nuancé par chacun, en fonction du contexte et des situations rencontrées.

En voici les clés :

- La grille est élaborée à partir de l’identification d’un certain nombre d’aspects du paysage. Sept aspects, sept façons de considérer le paysage ont été retenus, en s’inspirant d’une typologie des aspects de l’environnement proposée par L. Sauvé (1994) : le paysage peut être vu comme un cadre de vie ou une étendue naturelle, comme un espace, un héritage, un territoire, une ressource ou même un média.

- Pour chacun de ces aspects, des acteurs et des usagers particuliers ont été repérés.

- Chacun de ces acteur est susceptible d’avoir un point de vue culturellement déterminé sur le paysage, plutôt « paysage-objet » (posture réaliste) ou plutôt « paysage-représentation mentale » (posture subjectiviste).

- Quelques exemples d’acteurs contrastés par leur point de vue sont repérés pour chaque aspect et pour chaque posture.

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Le paysage : aspects et points de vue
C. Partoune, 2004.

Cela donne le paysage « cadre de vie » des passants et des habitants, pour lesquels le paysage est une sorte de décor du théâtre de leur vie (paysage-objet), alors que des philosophes vont s’intéresser à la valeur existentielle des paysages pour l’homme (paysage-représentation mentale).

Le paysage « nature » des naturalistes, pour qui le paysage est un objet d’étude, sera perçu bien différemment par des promeneurs venus s’y ressourcer, des esthètes contemplatifs ou des mystiques pour qui les paysages sublimes sont l’œuvre du Créateur.

Le paysage « espace » sera plus familier aux géographes classiques qui l’étudient comme révélateur d’un système spatial (paysage-objet), tandis que les psychologues cognitivistes s’intéresseront aux filtres perceptifs et aux images mentales en chacun de nous (paysage-représentation mentale).

Complémentaires des géographes, les historiens, les archéologues et les sociologues prennent en considération le paysage « héritage », témoin d’une évolution séculaire et produit social qu’il convient de décrypter (paysage-objet). Toujours en considérant l’aspect "héritage", les psychologues s’intéresseront à la dimension identitaire pour chacun des paysages qui sont témoins d’un vécu, de souvenirs, supports où s’ancrent la mémoire individuelle et la mémoire collective le plus souvent inconsciemment.

Le paysage « territoire communautaire » est un objet manipulé par les aménageurs et les gestionnaires qui le modifient ; il est un objet d’enjeux entre acteurs qui ont des intérêts différents ou des points de vue différents, certains citoyens y accordant en effet une valeur patrimoniale, symbolique.

Le paysage « ressource », c’est celui qui, en tant qu’objet réel, rapporte de l’argent aux exploitants touristiques ou la victoire aux militaires, tandis que sa valeur symbolique est exploitée dans la publicité.

Le paysage « média » est en lui-même un message déroulé par les paysagistes (entre autres), alors que les artistes, les touristes ou les enseignants vont le virtualiser dans une peinture, une photographie ou un croquis.

Chaque acteur ayant une vision du paysage orientée en fonction de ses préoccupations et de son point de vue, la description qu’il en fera en dépendra également. Lorsqu’il s’agira de concevoir l’écriture d’un scénario de visite d’un hyperpaysage, l’auteur pourra, à l’aide de la grille de lecture des aspects et des points de vue, clarifier sa posture personnelle. En découleront les objectifs à poursuivre et les valeurs à promouvoir.

Références

Partoune C., 2004. Un modèle pédagogique global pour une approche du paysage fondée sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication, thèse de doctorat, Université de Liège, ch. II.

Sauvé L., 1994. Pour une éducation relative à l’environnement - Éléments de « design » pédagogique, Montréal, éd. Guérin, coll. Le défi éducatif, 361 p.