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Diversité des regards et des valeurs

( 7 octobre 2008)

Percevoir et penser en hyperpaysage, c’est savoir que chacun apprécie le paysage d’une manière très personnelle, en fonction de sa culture.

L’approche culturelle du paysage intègre d’une part toute la subjectivité de l’observateur, d’autre part toute celle des acteurs du paysage lorsqu’il s’agit de l’interpréter.

Les éléments culturels interviennent en effet à deux niveaux :

- au niveau de la personne qui est en contact avec le paysage : les éléments culturels conditionnent, biaisent, orientent sa perception, sa réflexion et sa communication (je perçois et j’analyse ce paysage avec une structure mentale particulière, qui va s’exprimer dans la manière dont je vais représenter le paysage, et qui va se trouver ou non en résonance avec la structure mentale de mes interlocuteurs).

- au niveau du paysage : par exemple, la structure du paysage exprime quelque chose de la structure mentale des groupes humains qui ont eu le pouvoir de l’organiser, comme l’expriment Philippe Pinchemel et Paul Claval :

"Le paysage est le résultat stratifié historiquement de l’intégration des différents modes d’occupation du sol qui se succèdent, chacun représentant l’interprétation, l’exploitation, la mise en forme qu’un groupe social fait de son espace physique" (Pinon, cité par Pinchemel, 1987).

"Les paysages reflètent aussi les habitudes, les coutumes et les valeurs de ceux qui les modèlent. Certains aménagements ont été réalisés dans un but symbolique (...). D’autres répondent à des exigences fonctionnelles, mais les décisions de ceux qui les prennent sont marquées par leurs connaissances et leurs valeurs : elles reflètent les techniques spécifiques du groupe." (...) "elles sont déterminées par le cadre de savoir-faire et d’institutions où évoluent les classes populaires ou les élites" (Claval, 2000).

La diversité des approches

M. Kessler (1999) caractérise la diversité des approches subjectives du paysage en classant les acteurs en cinq types de personnalités ou d’attitudes : l’explorateur, l’aventurier, le touriste, le spectateur et le voyageur-promeneur.

Le voyageur s’intéresse au lieu et est changé par son expérience ; il est le seul pouvant accéder à une approche "authentique", c’est-à-dire "une attitude dans laquelle contemplation signifie sagesse et perception, relation intime avec la physique du pays".

L’explorateur parcourt le paysage pour le découvrir, mais sans le contempler ; à la recherche d’informations scientifiques, il n’est pas changé par son voyage.

L’aventurier est celui qui agit dans le paysage, qui l’exploite à l’échelle locale ; habitant le pays, sa perspective est prioritairement pratique et non esthétique.

Le conquérant (politique ou militaire) est un aventurier qui administre les choses à grande échelle.

Le spectateur de photographies ou de peintures est, quant à lui, dans une relation purement esthétique.

Enfin, le touriste est présenté comme une sorte de barbare aculturé, qui jouit de la consommation frénétique d’images sans contempler, sans découvrir, et ne capte que fugitivement un paysage.

Références

Kessler M., 1999. Le paysage et son ombre, Paris, PUF, coll. Perspectives critiques, 88 p.