La gestion d'un territoire est nécessairement le résultat d'un rapport de forces entre les différentes parties concernées.

Le panoramique que vous allez redécouvrir depuis la tour propose quelques exemples de ces résultats pour la Fagne de Malchamps aujourd'hui, nous invitant à développer un regard "territoire".

RECHAUFFEMENT CLIMATIQUE

Le réchauffement du climat constitue une menace pour les réserves en eau du sous-sol et, par conséquence, pour les tourbières et la végétation qui y est associée.

Les pluies acides, dues à la pollution atmosphérique (chauffage, industries), affectent surtout les résineux, pouvant mettre en péril la rentabilité d'une forêt.

Actuellement, l'épicéa continue d'être cultivé car il constitue une espèce économiquement rentable. Cependant, les conséquences de la monoculture de l'épicéa et des trop fortes densités de plantations sont, de nos jours, bien connues. Les aiguilles de résineux forment sur le sol un tapis qui se décompose très lentement, donnant un humus épais et acidifiant fortement le sol, ce qui entraîne une inhibition de l'activité bactérienne et un net appauvrissement de la microflore et la microfaune. Cela appauvrit également les sols en sels minéraux. La qualité des eaux qui pénètrent dans le sol est donc modifiée.

La plantation de résineux, grands consommateurs d'eau par comparaison avec les feuillus, favorise l'assèchement du terrain, ce qui conduit à la régression des tourbières. D'autre part, si la quantité d'eau évapotranspirée par les résineux et par les feuillus est relativement équivalente en été, il n'en est pas de même en automne et en hiver, après la chute des feuilles : l'interception d'eau par les résineux, et donc l'évaporation qui s'ensuit, est nettement plus importante (40 %) que celle des feuillus (23% pour une chênaie, 19% pour une hêtraie) ; la transpiration est plus élevée en pessière (32%) qu'en hêtraie (27%) ; l'écoulement le long des troncs est également différent (1% pour les pessières, de 6 à 10% pour les feuillus - voir photo pour le hêtre). La quantité d'eau disponible pour la nappe phréatique sera donc sensiblement plus élevée en peuplements feuillus.

L'exploitation forestière, conduite par la Division Nature et Forêt de la Région wallonne, rapporte à la Région environ 10 000 000 F/an. Elle peut représenter une menace aux yeux de certains :
- pour la fagne, qui constitue un écosystème " concurrent ";
- pour la beauté du site, rehaussée par les vieux hêtres centenaires ;
- pour les réserves en eaux, en fonction de la façon dont la forêt est gérée : le choix des espèces (feuillus ou résineux) et la façon dont les arbres sont plantés va par exemple déterminer la quantité d'eau de pluie qui va atteindre le sol. En effet, comparativement, les résineux retiennent davantage l'eau, surtout en hiver, et une plus grande partie de cette eau aura le temps de s'évaporer avant de toucher le sol. Les hêtres, par contre, avec leur écorce parfaitement lisse, facilitent le ruissellement de l'eau de pluie jusqu'au sol (voir photo). Par ailleurs, plus la forêt sera dense, plus l'eau aura de difficulté à atteindre le sol.

Cosandey (1999) d'après Hudson et al. (1999)

La zone forestière au sud de Spa (fagne de Malchamps non comprise) est aussi un territoire de chasse. Les cervidés occasionnent pas mal de dégâts aux jeunes arbres, dont ils grignotent les bourgeons et les pousses tendres.

Photo : C. Partoune

Le panoramique "TERRITOIRE" présente les différentes actions entreprises dans l'esprit d'un développement durable de la fagne de Malchamps

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PANORAMIQUE "TERRITOIRE"

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Les sangliers peuvent en une seule nuit labourer une prairie toute entière, comme en témoigne la photo ci-dessous.

Photo : C. Partoune

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Les touristes peuvent occasionner pas mal de dégâts au milieu naturel :

• cueillette sauvage de myrtilles ou d'airelles ;
• prélèvement d'espèces rares, comme la DROSERA rotundifolia
• piétinnement excessif, pouvant transformer certains endroits en véritables bourbiers ;
• pratique du ski, de la moto ou du VTT conduisant à la dégradation des chemins et de leurs abords.
  
  

Photo : A. Hamblenne

C'est la région qui est propriétaire du domaine de Bérinzenne et d'une bonne partie de la forêt au sud de Spa. C'est donc notamment avec elle que la société Spa Monopole doit traiter pour négocier son programme de captage et les mesures à prendre afin de protéger les lieux de captage et les sources. Elle est donc tributaire de la philosophie des fonctionnaires de la Division de la Nature et des Forêts qui sont responsables du cantonnement de Spa ainsi que des conceptions politiques du ministre de l'Environnement.

Toute habitation dans une zone de captage pose le problème du rejet de ses eaux usées, qui pourraient polluer la nappe souterraine.

Le fait que les eaux souterraines soient pompées de manière intensive modifie tout le fonctionnement de l'écosystème. Depuis quelques années, on peut constater que les " mardelles " (nom donné par les spadois aux mares occupant le centre des lithalses) s'assèchent et qu'on voit apparaître dans la fagne des plantes typiques de milieux plus arides.
Par ailleurs, sur le plan de l'exploitation des eaux, comme il n'y a pas de frontière entre les différentes nappes, le captage ou les qualités physicochimiques de l'une peut influencer celle des autres (voir coupe géologique). C'est ainsi qu'un captage à débit trop élevé d'une eau faiblement minéralisée peut induire une remontée d'eau carbogazeuse par diminution de la pression hydrostatique, entraînant une modification du chimisme de l'eau et notamment de son résidu sec et de sa teneur en fer. Au contraire, une augmentation de la pression hydrostatique de surface, par la création d'un étang artificiel, par exemple, peut tarir un pouhon avec migration de l'eau carbogazeuse vers un autre réseau de fractures et émergence à un endroit imprévisible et peut-être non souhaitable (voir coupe géologique). De même, il faut éviter l'infiltration des eaux de type "Source" dans les zones d'eau de type "Reine", très peu minéralisées.

C'est surtout au printemps, avant la reprise de la végétation, que les risques d'incendie sont les plus grands dans la fagne. A cette époque, le foin des plantes herbacées (molinie, linaigrettes, joncs, ...) forme une masse importante de matière très combustible après une période de sécheresse, même relativement courte. Dans ces conditions, lorsqu'un incendie se déclare, il se propage en brûlant de vastes superficies de landes en très peu de temps. A la fin des étés très secs, les incendies peuvent détruire la tourbe, parfois jusqu'au sol minéral.
Les incendies fagnards résultent souvent de l'imprudence, de l'insouciance des hommes ou d'un acte intentionnel.

Photo : P. Noé

Conséquences sur la végétation :

• appauvrissement de la flore en général et extension des pyrophytes (plantes résistantes au feu) comme la molinie, formant de grosses touffes dans la lande tourbeuse, constituées d'un réseau inextricable de tiges, de feuilles séchées et de racines, à l'intérieur desquelles les bourgeons sont protégés du feu et, dans les landes sèches, de la fougère-aigle dont les rhizomes souterrains sont à l'abri des flammes.
• formation d'une couche de cendres favorables à la germination des graines de feuillus
  pionniers (bouleaux, saules, sorbiers); accroissement du dynamisme de reboisement des landes.
  Source : MARTINY P., 1999. Promenades pédestres en fagne de Malchamps-Bérinzenne, DGRNE, Jambes.

Dans la lande tourbeuse, on trouve des mousses particulières, les sphaignes.
Elles ont un très grand pouvoir de rétention d'eau, ce qui diminue d'autant l'eau disponible pour la nappe phréatique : un tapis de sphaignes de 1 m2 et de 20 cm d'épaisseur peut retenir 72 kg d'eau et en rendre lentement 57 kg par évaporation, puis les reprendre lors d'une pluie. Les sphaignes ont également la propriété d'acidifier le milieu (pH : 3,9-4,5).
Source : MARTINY P., 1999. Promenades pédestres en fagne de Malchamps-Bérinzenne, DGRNE, Jambes.

Photo : G. Defer

Les caractéristiques du sol de la fagne de Malchamps font qu'en l'absence de toute intervention humaine, c'est la forêt qui recoloniserait le plateau, ainsi qu'en témoignent les semis naturels que l'on peut observer ici et là.



La végétation potentielle des landes de Malchamps
On définit la végétation potentielle comme celle qui se reconstituerait naturellement en équilibre avec le sol et le climat, en l'absence de toute intervention humaine. Celle-ci a été déterminée en se basant sur des observations de la végétation forestière de l'Ardenne nord-orientale proche de l'état naturel, sur la dynamique actuelle de la végétation et sur les types de sols (surtout la teneur en eau ou qualité du drainage). Dans le cas des landes de Malchamps (groupements semi-natu-rels à vocation forestière), un intervalle de temps compris entre cinquante ans et trois siècles serait nécessaire à l'instal-lation de groupements forestiers en équilibre.
Source : MARTINY P., 1999. Promenades pédestres en fagne de Malchamps-Bérinzenne, DGRNE, Jambes.

Conséquences du drainage

• Sur l'hydrologie : accélération de l'écoulement des eaux de surface au détriment de l'entrée de l'eau dans le sol (mais aussi moins d'humus dans l'eau souterraine, ce qui peut être intéressant pour les captages), vidange de la nappe aquifère superficielle, modification du débit des ruisseaux et des rivières avoisinants (régime intermittent ou torrentiel en fonction des précipitations).
• Sur les sols : approfondissement et élargissement des drains par érosion et mise
  à nu du sous-sol minéral, assèchement de la tourbe ou de l'humus entraînant une
  modification de ses propriétés physico-chimiques.
• Sur la végétation : dans les landes tourbeuses, envahissement de la molinie au
  détriment des espèces typiques (bruyère quaternée, scirpe cespiteux, ...); dans
  les landes sèches, extension accrue de la fougère-aigle et reboisement plus rapide
  par des feuillus pionniers.
  Source : MARTINY P., 1999. Promenades pédestres en fagne de Malchamps-Bérinzenne, DGRNE, Jambes.

Le vieillissement de la lande se marque par l'installation d'espèces préforestières. Des buissons de genêt à balais se développent, bientôt suivis d'espèces arborescentes telles que le bouleau verruqueux, le sorbier des oiseleurs, le peuplier tremble ... Le boisement se densifie en faisant régresser les espèces de la lande.

La fougère-aigle croît surtout sur des sols acides relativement bien drainés et affectionne les clairières et les bois clairs. En certains endroits de la fagne de Malchamps, principalement sur le versant, elle est devenue fort envahissante. Elle a également tendance à envahir complètement les jeunes plantations.

Photo : M Philippot

Dans la lande sèche, elle se propage à partir de tiges souterraines se développant horizontalement en émettant des frondes aériennes et des racines adventives.
Au fil des années, l'accroissement du nombre de frondes entraîne la fermeture progressive du couvert et la disparition des espèces héliophiles (= qui aiment le soleil) de la lande sèche (callune, airelle, ...).
L'accumulation d'une litière épaisse, mal décomposée, assure l'élimination des dernières espèces supportant un certain ombrage (myrtille commune et canche flexueuse).

En cas d'incendie, cette évolution est encore plus rapide. En effet, les rhizomes enfouis profondément dans le sol sont à l'abri lors du passage du feu tandis que la callune et les myrtilles sont calcinées. L'année suivante, seule la fougère-aigle réapparaît avec la même vigueur.
Source : MARTINY P., 1999. Promenades pédestres en fagne de Malchamps-Bérinzenne, DGRNE, Jambes.

L'aérodrome de Spa jouxte la fagne de Malchamps et jouit d'un certain succès, surtout depuis que bon nombre de pilotes courant à Francorchamps disposent de leur avion personnel. Le dimanche, les promeneurs sont fréquemment dérangés par le vol incessant des petits avions de tourisme.

Photo : C. Partoune

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