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Cadrage à l’écran

( 28 juillet 2008)

Percevoir et penser en hyperpaysage panoramique, c’est prendre en compte et mettre en évidence l’inévitable cadrage à travers lequel nous regardons le monde.

Pour faire défiler une image panoramique à l’écran, il faut définir deux choses : le format du cadre qui va l’accueillir et la portion d’image qui va servir de point de départ à la rotation. Ces deux contraintes techniques mettent clairement en évidence l’intervention de la subjectivité du panographe dans la présentation du paysage.

Le choix du format du cadre

Quel format choisir pour faire défiler le panoramique ? Outre les contraintes techniques qui imposent de réduire l’image pour qu’elle ne soit pas trop lourde à charger, le choix du format mérite que l’on s’interroge sur la façon dont notre oeil fonctionne si l’on souhaite que l’image virtuelle se rapproche le plus possible de la perception sur le terrain.

Chez l’homme, le champ de vision avec une bonne acuité en journée est de 3 degrés dans le plan vertical et de 12 à 15 degrés dans le plan horizontal. En vision crépusculaire, l’acuité est moindre, mais l’angle est de 90 degrés de chaque côté de l’axe vertical du corps : c’est la zone périphérique. Nous ne percevons donc pas le paysage de la même manière en fonction des conditions d’éclairage et de la dynamique de la lumière. Certains paysagistes ont estimé que le champ "intéressant pour la découverte" serait, selon les auteurs, de 54 degrés à 70 degrés à l’horizontale, et de 37 degrés en vertical. L’ellipse de perception qui en résulterait s’inscrirait dans le fameux rectangle d’or (Pechère, 1987).

Nous aurions pu nous baser sur ces normes, valables en environnement réel, mais la perception que l’on peut avoir sur le terrain en vision éloignée est très différente de la vision rapprochée que nous avons à l’écran de l’ordinateur. En effet, à 60 cm de distance de cet écran, l’image qui se trouve dans le champ de notre acuité maximale occupe environ 15 cm de large. Cela signifie qu’il fallait, en fonction de la définition de l’écran, prévoir une image qui déborde de cette zone, afin que les bords du panoramique soient flous.

Le rapport hauteur x largeur des panoramiques que nous proposons dans nos hyperpaysages est le résultat de tâtonnements pour arriver à une ouverture horizontale qui satisfasse intuitivement notre oeil, à savoir environ 160 degrés pour une définition d’écran 800 x 600 (Ericx, 2000).

Le point de départ du panoramique

Même si l’image défile, il faut néanmoins décider quelle partie de l’image sera vue en premier lieu (cela aura d’autant plus d’importance si le défilement n’est pas automatique puisque l’image est fixe au départ). C’est un instant un peu désarçonnant parce qu’on est amené à poser ce choix "en chambre", alors que sur le terrain, on n’avait pas forcément ressenti de direction à privilégier pour commencer le tour. Finalement, alors que l’image panoramique peut laisser croire que le visiteur n’est pas soumis au choix du photographe, les panographes se rendent compte qu’il est impossible d’y arriver totalement.

Alors, comment choisir le point de départ ? Plusieurs scénarios sont possibles. Pour certains panoramiques, cela peut-être à la fois l’esthétique d’un cadrage et la présence d’un point de repère important dans l’image qui préside au choix. Pour d’autres, on peut décider de ménager un effet de surprise, comme l’apparition de personnes. Dans certains cas, c’est la profondeur de champ la plus grande qui peut sembler préférable.

Références

Ericx M., Partoune C., Pirenne M., 2002. Les hyperpaysages panoramiques, Bruxelles, Ministère de la Communauté française.

Partoune C., 2004. Un modèle pédagogique global pour une approche du paysage fondée sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication, thèse de doctorat, Université de Liège, ch. VI.

Pechère R., 1982. Jardins dessinés - Grammaire des jardins, Bruxelles, éd. L’Atelier de l’Art Urbain.