ACCUEIL > OUTILS > Activités de sensibilisation au paysage


Rétrospective et prospective

( 22 avril 2009)

Objectifs de l’activité

- Ressentir et penser chaque paysage comme quelque chose de dynamique, en évolution constante.
- Situer les événements, se situer dans un continuum historique, projeter le paysage dans un futur lointain.
- Prendre conscience de la charge historique du paysage et des facteurs qui ont marqué son évolution (moyens de transport et de communication, énergie, matériaux, ...).
- Prendre conscience de l’évolution des mentalités.
- Ressentir et penser chaque paysage comme le fruit d’une longue histoire, comme l’incarnation d’idéologies et de rapports de force.
- Prendre conscience, malgré les caricatures imaginées, des risques et de notre part de responsabilité, de l’impact de l’homme sur l’environnement.

Lieu : idéalement, d’un lieu surplombant le paysage, ou le long d’une rue allant de l’extrémité d’une petite ville à son centre ; n’importe quel lieu un peu dégagé convient aussi.

Matériel : cartes topographiques du lieu à différentes époques (Ferraris : 1771-1777, Vander Maelen : 1854, IGM : début XXe siècle, IGN années 50-60 et IGN la plus récente), si possible recalibrées plus ou moins à la même échelle. Les échantillons n’indiquent pas la date de la carte.

Déroulement

1. Par petits groupes, les participants essayent de reconstituer l’ordre chronologique des cartes, puis de retrouver dans le paysage les traces du passé. Ils essayent de reconstituer une rétrospective du paysage. Lors de la mise en commun, mettre en évidence les indices majeurs qui ont permis le classement et qui révèlent les changements structurels survenus aux différentes époques (exemples : apparition du chemin de fer, d’industries, de l’autoroute ; développement de l’habitat en périphérie,...).

Après la mise en commun, il peut être intéressant de donner à voir des gravures anciennes ou des photos du paysage à ces différentes époques et de les associer aux cartes.

2. Sur une carte topo actuelle en noir et blanc, chaque groupe est invité à imaginer quel visage pourrait bien avoir le paysage à l’avenir (dans 100 ans ou dans 1000 ans), selon divers scénarios : mondialisation à tout crin - réchauffement planétaire - développement considérable de la spiritualité - prise en compte généralisée des principes du développement durable - priorité à l’éducation dans les budgets gouvernementaux, etc.

Intentions

Le paysage aujourd’hui est fait de traces des paysages d’hier ; celui de demain en gardera certaines, en perdra d’autres. L’approche culturelle suppose notamment d’identifier, au-delà des apparences, les valeurs dominantes des différents acteurs en présence, et les structures mises en place par les sociétés. Le paysage est composé de signes de projets : projets individuels, projets collectifs, ces derniers pouvant davantage marquer la structure du paysage (réseau des voies de communication, par ex.). Ces signes traduisent les valeurs, mais aussi les croyances et les mythes, à un moment donné, dans une société donnée. Les projets collectifs traduisent les valeurs des dominants de l’époque. L’existant représente un héritage culturel, frein ou moteur pour le développement actuel.

Styles d’apprentissage

Intelligences visuospatiale, logicomathématique, verbolinguistique, naturaliste-écologique et interpersonnelle.

Convient à ceux qui aiment :
- acquérir des connaissances, observer les détails ;
- manipuler des cartes, imaginer visuellement, se projeter dans l’avenir ;
- procéder avec méthode, s’orienter, comparer ;
- exprimer leur avis, être en contact avec le passé, envisager l’inconnu. Cadrans : tous. Type d’approche : affective, cognitive.

Conception du paysage : Espace, Héritage, Média.

Observations

La première partie de l’exercice demande d’observer finement le paysage. Elle provoque surprises et questionnements divers. C’est une activité qui permet idéalement de préparer le terrain pour une rencontre avec une personne ressource sur l’histoire des lieux. Elle plaît effectivement beaucoup à ceux qui aiment se plonger dans le passé. La seconde partie plaira davantage à ceux qui ne redoutent pas l’inconnu (elle peut, par contre, déstabiliser les précédents), qui aiment la fantaisie et la fiction (même si c’est une horreur). Certains scénarios en effet peuvent vraiment donner la chair de poule ! En général, si la plupart des personnes avaient déjà joué à imaginer le paysage d’antan, rares sont celles qui avaient fait l’exercice dans le futur.

Transfert potentiel

L’examen de toute problématique est à situer dans son contexte temporel, passé et à venir. Identifier le poids des héritages, dans l’analyse de toute problématique ; rechercher dans la culture les fondements qui peuvent expliquer les comportements (structures sociales ou autres, valeurs, croyances et mythes). Saisir une image globale du même endroit (ou une "image" d’une problématique), en effectuant des sauts importants dans le temps, donnera sans doute un résultat très interpellant, coupant court au leitmotiv "cela a toujours été ainsi". Il est important d’introduire ce biais dans les raisonnements fatalistes ou déterministes, et de montrer que des changements rapides peuvent avoir lieu. Apprendre à repérer des facteurs décisifs de changement, pourtant inattendus, dans le passé et aujourd’hui (chute du mur de Berlin, assassinat de dictateurs, attentats, épidémies, catastrophes naturelles, guerres, découvertes scientifiques, ...) mais aussi à anticiper l’avenir : qu’est-ce qui pourrait, à terme, bouleverser l’ordre établi ? Cette mise en perspective peut aider à se projeter dans le futur, à se mobiliser. L’éducation au développement durable repose sur cette capacité à anticiper notre avenir.



Pour citer cet article : Collectif, "Rétrospective et prospective", Institut d’Eco-pédagogie (IEP), , article 81, mis en ligne le 22 avril 2009
URL : http://www.hyperpaysages.be/spip/article.php3?id_article=81
Consulté le ....