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Choix des lieux

( 28 juillet 2008)

Percevoir et penser en hyperpaysage panoramique, c’est oser s’engager tous azimuths dans la réalité

La réalisation des prises de vue panoramiques représente l’un des moments les plus amusants de la réalisation d’un hyperpaysage, mais aussi un moment très porteur concernant la relation au paysage et à l’environnement en général. La sélection des lieux en constitue la première étape.

Sur base de quels critères choisir ces lieux ?

Le choix de lieux où réaliser des panoramiques nous contraint à préciser ce que nous voulons, à approfondir le sujet choisi en partant du paysage. Nous regardons le paysage en nous demandant ce que nous pourrions bien lui faire dire, tel un ventriloque qui anime sa marionnette.

Quatre scénarios pédagogiques peuvent être envisagés :

1 - Les lieux sont librement choisis par les apprenants. Dans ce scénario pédagogique, on privilégie l’approche "brute" avec le paysage, sans savoir d’idée plus précise au départ quant aux objectifs et au contenu de la future visite virtuelle. L’enseignant doit alors pouvoir accepter de "lâcher prise" et de permettre à ses étudiants une période de tâtonnement (cfr infra - L’indispensable tâtonnement).

2 - Une question ou une problématique est donnée par l’enseignant (en fonction du programme de son cours et de ses objectifs) et les apprenants choisissent un lieu qui leur paraît approprié pour dérouler une visite virtuelle sur ce thème.

3 - Le lieu et la problématique sont imposés par l’enseignant. Il faut alors parier sur le fait qu’au moins un des deux motivera les apprenants, mais c’est un choix qui est en contradiction (mais pas forcément en opposition) avec le désir de voir s’impliquer personnellement les apprenants. Dans ce cas de figure, pour motiver les apprenants, l’enseignant peut par exemple sélectionner un lieu où se pose un problème concret à résoudre ou proposer un cadre de travail qui touche des destinataires précis, qui retireront un bénéfice du projet (un hyperpaysage sur un lieu interdit au public, par exemple).

4 - Les lieux sont choisi à l’aide de personnes-ressources. Le choix des lieux peut aussi se faire à l’aide de personnes-ressources, à qui il conviendra d’expliquer le souci de trouver un endroit qui permette de rendre manifestes non pas tant beaucoup de choses, mais des choses variées, dans toutes les directions. C’est, d’une certaine façon, une occasion de sensibiliser d’autres personnes à ce regard tout autour de soi.

L’indispensable tâtonnement pour s’approprier le paysage

Si l’enseignant adopte le premier scénario pédagogique, il doit anticiper la situation sur le plan émotionnel. Au début, en effet, le paysage nous laisse cois. C’est probablement en partie dû au fait que le premier réflexe est très "scolaire" : la représentation que nous nous faisons d’un commentaire paysager, c’est celle du guide-professeur qui nous donne une explication confondante de vérité. Même pour des géographes, c’est une expérience très désarçonnante, eux qui sont pourtant en principe dotés d’une besace bien remplie pour commenter un paysage. Mesurons donc à quel point des néophytes se sentent encore plus démunis au départ d’un tel projet !

Cette expérience de malaise ressenti est une étape capitale dont il faut saisir l’importance puisqu’elle permet, dans la mesure où l’enseignant est à l’aise avec l’accueil de sentiments désagréables vécus par ses élèves, de les aider à expliciter leurs représentations de la tâche et de les libérer, si besoin est, des prisons où ils s’enferment.

L’enseignant pourra par exemple proposer aux élèves de vivre une série d’activités "d’échauffement" proposées préalablement à la construction d’hyperpaysages, afin de les aider à entrer en contact avec le paysage et, à travers lui, en contact avec eux-mêmes et avec leurs condisciples. L’enseignant peut aussi intervenir simplement en donnant quelques contraintes qui encourageront les apprenants à casser les clichés et les stéréotypes du lieu, à faire découvrir le "jamais vu", à envisager des points de vue originaux (se mettre à la place d’un chat, d’un chien, d’un verre de terre), faire découvrir le lieu à des personnes qui n’y ont pas accès ou en se faisant l’écho de quelqu’un ou d’un groupe, créer un jeu pour de jeunes enfants, redonner du dynamisme à un lieu oublié, donner la parole aux habitants, etc. (Pirenne, 2000).

Références

Ericx M., Partoune C., Pirenne M., 2002. Les hyperpaysages panoramiques, Bruxelles, brochure éditée par le Ministère de la Communauté française.

Partoune C., 2004. Un modèle pédagogique global pour une approche du paysage fondée sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication, thèse de doctorat, Université de Liège, ch. VI et VII.