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Un hyperconceptogramme "paysage"

( 13 décembre 2008)

Elaborer un conceptogramme pour orienter la conception pédagogique

Au-delà des définitions « officielles » du paysage, sur base de quelle conception allons-nous orienter notre action pédagogique ?

Le conceptogramme est proposé ici comme un outil d’aide à la conception d’un dispositif pédagogique. Un conceptogramme est une représentation schématique ordonnée d’un concept, sous forme de mots clés ou d’images.

L’enseignant, l’animateur qui évoque le terme "paysage" au moment de préparer son activité pédagogique est en effet entouré d’emblée d’une ronde de mots clés ou d’images qu’il peut enrichir par des lectures, des expériences ou des rencontres diverses. Ces éléments constituent une "carte de pensée" qui peut lui servir de table d’orientation pour délimiter son champ d’intervention pédagogique et ses priorités.

Cette carte de pensée peut être structurée de différentes manières.

Par exemple, distinguer les préoccupations didactiques ("quelle palette d’images de paysage vais-je proposer ?"), éducationnelles ("quels sont les enjeux aujourd’hui d’une éducation au paysage ?") et pédagogiques ("comment sensibiliser au paysage ?").

Cette carte de pensée sera originale et propre à chacun : elle exprimera sa vision du monde, de l’éducation, de la pédagogie. Elle sera dynamique : elle s’enrichira de son expérience du paysage, de son expérience pédagogique, de son expérience de citoyen. Elle contiendra des zones d’ombre ou de silence, révélant le questionnement et le doute, à côté des zones de lumière, convictions et valeurs qui fonderont son action pédagogique. Elle pourra être partagée avec d’autres, pour identifier les bases d’un projet commun.

Un conceptogramme structuré pour mettre en évidence la complexité du concept de paysage

Nous proposons ci-dessous une exemple d’un tel conceptogramme dans une forme interactive. Sa structuration vise à mettre en évidence d’une part la complexité et la dynamique de la représentation mentale "paysage" (le va-et-vient et en même temps la cogénération des gestes de perception, d’interprétation et de communication), d’autre part la complexité du paysage "réel".

La structure repose sur le principe d’une table d’orientation composée de deux roues concentriques pouvant tourner librement autour d’un triangle, centrée sur l’individu en relation avec le paysage, exprimant la dynamique de sa représentation mentale du paysage et du monde qui l’entoure.

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Un hyperconceptogramme pour voyager dans la complexité du paysage
C. Partoune, 2004.

Cliquer sur l’image pour accéder à l’hyperconceptogramme, où chaque mot clé est un lien cliquable.

La fresque de mots composant la roue intérieure représente " l’équipement " de la personne qui rencontre le paysage : elle est munie de « filtres » et d’une " pellicule sensible ».

La métaphore du filtre, très couramment utilisée et bien illustrée dans le schéma ci-dessous, permet de saisir facilement la situation lorsque nous utilisons par exemple une grille de lecture particulière pour décrire ou analyser un paysage (géographique, plastique, politique, par exemple). Ces filtres méthodologiques, tout comme les filtres matériels, sont "quelque chose d’extérieur", installé volontairement par "l’observateur", que nous pouvons identifier, critiquer, ou améliorer.

Il me semble que l’idée du filtre est moins pertinente lorsqu’on parle des émotions. C’est pour rester dans le champ métaphorique de l’appareil photographique, que je propose de situer les émotions ou notre appareil sensoriel au niveau de la pellicule, d’une pellicule qui serait intimement liée à « l’appareil » que nous sommes. Cet appareil, nous l’avons reçu en naissant et il s’est complexifié au cours de notre vie, mais pour l’essentiel inconsciemment. Il dépend de multiples facteurs : âge, sexe, caractère, rêves, projets, souvenirs, valeurs, modes de pensée, croyances, expériences vécues,...

Toute métaphore comporte évidemment ses limites, mais cette distinction "filtres - pellicule-appareil" permet de mettre en évidence le niveau plus ou moins important de conscience de ce qui nous agit pour percevoir le paysage, l’interpréter et communiquer à son propos. De fait, nous allons probablement saisir plusieurs images avec notre pellicule sensible, tandis que nous pouvons changer de filtre à chaque image (instruments techniques ou grilles de lecture).

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Auteur : J.-P. Paulet, 2002, p. 8.

Paulet J.-P., 2002. Les représentations mentales en géographie, Paris, Anthropos, coll. Géographie, p. 8. La roue extérieure est constituée d’éléments qui permettent de caractériser le " système paysager », lui-même inscrit dans le " système monde ". Ici, ont été choisis une série de mots clés extraits de l’approche culturelle en géographie et d’une réflexion sur les finalités d’une éducation relative au paysage.

Le triangle représente des gestes mentaux ou concrets qui vivifient la relation avec le paysage : perception, interprétation, communication. Ces gestes sont en interrelation constante et se modifient constamment. Ils coexistent en permanence (par exemple, pendant que je suis occupé à représenter graphiquement le paysage, la perception que j’en ai se modifie, je me pose de nouvelles questions, ).

En parcourant ce conceptogramme, la représentation mentale du paysage va "voyager", des morceaux vont s’éparpiller, d’autres se recomposer. Forcément subjective et incomplète, la liste de mots constitue une mosaïque d’éléments disponibles pour orienter l’action pédagogique. Dans chaque direction, il convient d’ouvrir le chemin et de voir quelles contrées il traverse, puis de se donner des points de repères. Ici, ces points de repères sont des réflexions ou des extraits choisis d’auteurs qui accompagnent les mots clés.

Tous ces mots clés sont articulés entre eux dans un document hypertextuel permettant une navigation interactive et constituent ensemble une façon de se représenter la question du paysage, à un moment donné. Ils sont ordonnés et reliés entre eux d’une certaine manière. Ils peuvent s’articuler autour d’axes divers, selon le contexte d’intervention des enseignants ou des animateurs.

Cette proposition met en lumière un outil constructiviste et l’importance, pour chaque pédagogue, d’effectuer ce travail de recherche-réflexion pour nourrir conjointement son travail et son cheminement personnel en tant que citoyen du monde.

Sélectionner les éléments, doser leur importance en fonction du public et des objectifs, les installer au coeur ou à la périphérie de la "cible pédagogique" sont autant de choix qui peuvent appartenir à l’enseignant, voire être négociés avec les apprenants.

Source

Partoune C., 2004. Un modèle pédagogique global pour une approche du paysage fondée sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication, thèse de doctorat, Université de Liège.

Bibliographie

Paulet J.-P., 2002. Les représentations mentales en géographie, Paris, Anthropos, coll. Géographie, 152 p.