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L’hyperpaysage didactique de la Fagne de Malchamps

( 19 novembre 2008)

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Panorama du haut de la tour à Spa-Bérinzenne
Photo : M. Ericx, 2000.

Intentions générales

L’hyperpaysage de la Fagne de Malchamps, dans les environs de Spa, a été réalisé par Christine Partoune et Michel Ericx en 1999-2000, dans le cadre de la toute première recherche sur les hyperpaysages, financée par la Région wallonne.

Composé d’un corpus d’une bonne centaine de pages web, c’est un hyperpaysage didactique, conçu comme un outil de formation pour les enseignants et pour les élèves : il a pour but de montrer ce qu’est un hyperpaysage et ce qu’il offre comme possibilités pédagogiques, compte tenu des impératifs techniques des écoles secondaires, illustrant différentes solutions techniques et différentes manières de communiquer l’information, permettant d’en discuter les avantages et les inconvénients, les richesses et les limites.

Il ne faut donc pas s’attendre à découvrir une visite exhaustive de la fagne de Malchamps, et cet hyperpaysage ne sera pas actualisé. Pour respecter le souhait des commanditaires de la recherche, il ne s’agissait pas non plus de produire quelque chose de neuf sur le plan des informations scientifiques, mais de valoriser des productions déjà existantes : une partie des textes et des images provient d’un guide pédagogique réalisé par Philippe MARTINY, géographe ayant réalisé son mémoire sur la Fagne de Malchamps, qui nous a aimablement autorisés à les utiliser.

Néanmoins, sur le plan scientifique, la découverte du paysage proposée vise une sensibilisation à l’aménagement du territoire en tenant compte des principes du développement durable. Elle met en évidence différents points de vue sur ce même paysage, la subjectivité de l’observateur, fait apparaître le poids de l’histoire, la complexité des problèmes qui se posent, ainsi que l’interdépendance et les rapports de force entre acteurs du territoire. Une partie de l’hyperpaysage de Malchamps a spécifiquement pour objectif d’illustrer la complexité des relations causales et le principe de causalité circulaire. La visite virtuelle de la Fagne de Malchamps intègre également la dimension temporelle, en situant le paysage actuel dans son évolution et en présentant des simulations pour le futur en fonction d’une série de choix de société donnés.

En ce sens, nous pouvons dire que l’hyperpaysage de Malchamps est une façon d’initier aux principes de l’approche systémique du paysage et, singulièrement, de l’approche culturelle du paysage.

Les principes pédagogiques ont une incidence directe sur les contraintes de travail que l’on se donne lorsqu’on est amené à produire un hyperpaysage, ou à en guider la réalisation. Il y a donc un modèle de démarche à découvrir, en visitant l’hyperpaysage didactique, que l’on peut dès lors considérer comme une métaphore pour faciliter le transfert des apprentissages, et en particulier des processus de conception d’un hyperpaysage.

En effet, lorsque nous évoquons l’intérêt pédagogique d’une visite virtuelle de paysage, la plupart des enseignants ou des animateurs ont le "réflexe CDRom" : la première idée qui leur vient à l’esprit est de disposer d’un support didactique, à l’instar des diapositives. Ce type de réalisation peut certes se justifier pour éviter de fragiliser des zones sensibles de notre environnement ou éviter des difficultés d’organisation de sorties sur le terrain, mais ce n’est pas notre intention pédagogique. En effet, si la navigation dans des hyperpaysages peut être utilisée comme outil de sensibilisation, c’est surtout leur réalisation qui nous intéresse comme démarche d’apprentissage.

Sur le plan méthodologique, l’hyperpaysage de Malchamps illustre comment on peut varier les langages, s’adresser à des publics de sensibilités différentes en combinant émotions esthétiques, connaissances scientifiques, intrigues, découvertes intuitives, rencontres, questionnements, recherches de liens... L’hyperpaysage de Malchamps permet donc d’illustrer comment il est possible de rencontrer la diversité des styles d’apprentissages : recevoir de l’information, chercher soi-même des réponses, faire fonctionner son imagination, apprendre grâce aux interactions avec d’autres personnes...

Visite guidée

Le commentaire de cette visite guidée de l’hyperpaysage de la Fagne de Malchamps porte sur six points :

1) Des panoramiques 2) Une architecture combinatoire 3) Des astuces pour éviter de se perdre 4) Une approche culturelle du paysage 5) L’approche sensorielle 6) Des parcours diversifiés


1) Des panoramiques

La hauteur de prise de vue

Selon le lieu choisi et la hauteur du point de vue, tant le photographe que le visiteur peut s’identifier à un oiseau (panoramique du haut de la tour), à un papillon (panoramique de la tourbière) ou à un animal terrestre qui surveille son domaine, qui le scrute pour y déceler ce qu’il cherche (panoramique de la lisière hêtraie-prairie).

S’obliger à quitter son point de vue habituel, même simplement physiquement, est vraiment intéressant. Regarder le paysage de la hauteur d’un enfant peut modifier le regard de l’adulte sur son environnement.

Le point de départ pour l’affichage à l’écran

Même si l’image défile, il faut néanmoins décider quelle partie de l’image sera vue en premier lieu (cela aura d’autant plus d’importance si le défilement n’est pas automatique puisque l’image est fixe au départ). C’est un instant un peu désarçonnant parce qu’on est amené à poser ce choix "en chambre", alors que sur le terrain, on n’avait pas forcément ressenti de direction à privilégier pour commencer le tour. Finalement, alors que nous souhaitions libérer le visiteur du choix du photographe, nous nous sommes rendu compte qu’il est impossible d’y arriver totalement. Pour certains panoramiques, c’est à la fois l’esthétique d’un cadrage et la présence d’un point de repère important dans l’image qui a présidé au choix (panoramique de la lisière hêtraie-prairie). Pour d’autres, il a été décidé de ménager un effet de surprise, comme l’apparition de personnes (panoramique de la lande tourbeuse). Dans certains cas, c’est la profondeur de champ la plus grande qui semblait préférable (panoramique de la mangeoire).

Le défilement

Le choix qui a été retenu est de faire défiler les panoramiques automatiquement et de droite à gauche. Une exception s’imposait cependant : la présence d’un avion dans le ciel de l’un des panoramiques ne nous laissait évidemment pas le choix ! (panoramique Incidences).

Certaines personnes sont très vite énervées par cet automatisme, ou par le mouvement perpétuel, tout simplement. Chacun peut à tout moment interrompre le mouvement du carrousel. Le fait de ne pas faire défiler le paysage automatiquement permet de prendre d’abord le temps d’imaginer "l’envers du décor", puis de le découvrir.

Les zones sensibles

Dans les photos panoramiques sont incrustées des zones sensibles que le visiteur curieux et n’ayant pas peur de cliquer un peu partout découvrira, tandis que celui qui est habitué à se laisser guider par la main passera sans doute à côté de beaucoup de choses. Ces zones peuvent être de plus ou moins grande taille. Soit c’est la surface occupée sur l’image par l’élément à mettre en évidence qui va déterminer cette taille, soit c’est le concepteur qui la détermine arbitrairement si l’élément est très petit ou s’il souhaite, pour des raisons didactiques, rendre le lien évident ou au contraire discret, obligeant le visiteur à scruter l’image. Ces zones sensibles peuvent être ou non rendues plus facilement repérables par un "escamot" (voir ci-dessous).

Les étiquettes

Le joli terme "escamot" désigne les messages qui peuvent apparaître fugitivement lorsque le curseur passe sur une zone sensible, et qui s’escamotent une fois qu’il en sort (comme dans la plupart des panoramiques). Ces messages peuvent se situer dans le bas de la fenêtre ("roll-over") ou sous la forme de petites étiquettes superposées à l’image.

Quelques contraintes techniques sont à respecter et nous les saisirons comme des contraintes pédagogiques : il faut écrire en majuscules, sans apostrophe ni accent, et les messages doivent être courts. Concision et clarté de l’expression sont convoquées.

Si on les superpose aux zones sensibles, les escamots sont comme des spots qui clignotent, pour attirer les curieux de passage. Nous avons voulu multiplier les exemples de fonctions que peuvent avoir les escamots afin de stimuler l’imagination des concepteurs d’hyperpaysages car en général, c’est la fonction de dénomination qui est spontanément et souvent uniquement utilisée.

Les étiquettes peuvent servir à :

- dénommer les éléments visibles du paysage (parcours Nature : les formations végétales de la fagne) ;
- poser une question qui invite le visiteur à observer plus minutieusement le paysage (Panoramique de la chênaie à bouleaux : "Avez-vous remarqué ces ondulations ?") ;
- émettre une hypothèse (Panoramique de la chênaie à bouleaux : "Serait-ce un bouleau ?") ;
- proposer une action virtuelle (Panoramique de la chênaie à bouleaux : "Allez-y : creusez !" ) ;
- exprimer un désir (Panoramique de la chênaie à bouleaux : "Mmm... des myrtilles !") ;
- intriguer (Panoramique de la lisière hêtraie-prairie : "Qui chante ainsi ?") ;
- donner des réponses, sous forme de mots clés, à une question posée préalablement (Panoramique Incidences : Quels facteurs pourraient modifier le paysage de la fagne de Malchamps ?).

Les zones sensibles pourvues d’étiquettes ne doivent pas forcément être reliées à d’autres pages, mais c’est en général très frustrant pour le visiteur, qui interprète souvent le clic sans réponse à un problème technique .

Nous avons aussi privilégié l’option d’étiquettes qui n’apparaissent que si le curseur est pointé sur la zone sensible. Le contraire pourrait tout aussi bien se défendre. Tout dépend de ce que l’on souhaite sur le plan pédagogique : favoriser l’ergonomie ou la didactique.

Les liens potentiels

Dans les panoramiques, les zones sensibles peuvent donner accès à d’autres panoramiques (Panoramique Territoire : escamots "Hyperpaysage de la zone de captage" ou "Hyperpaysage de la mangeoire"), à des vues aériennes du paysage (Parcours Repères) ou à des pages plus classiques (Panoramique Territoire : tous les autres escamots "Caillebotis", "Fauchage de la lande", etc.).

On peut ainsi introduire un changement d’échelle, par un travelling avant (Dans les panoramiques du Parcours Nature, tous les liens vers des espèces végétales donnent accès à un gros plan sur la plante) ou arrière, un déplacement horizontal dans l’espace (Panoramique Nature : les liens dans le panoramique transportent le visiteur vers des zones plus lointaines) ou vertical (Panoramique Repères : les liens dans le panoramique donnent accès à une vue prise dans la même direction, mais prise d’un avion).

Faut-il ou non avertir le visiteur du type de saut qui lui est proposé ? L’hyperpaysage didactique permet d’en débattre.

2) Une architecture combinatoire

Une des caractéristiques des documents hypertextuels en général est de proposer une forme de lecture-écriture qui permet de traduire la complexité de ces relations, par l’intégration de multiples liens entre les différents documents (ou éléments) d’un même corpus, ou encore avec les documents d’un autre corpus (liens vers des pages web d’autres sites).

L’hyperpaysage didactique est bâti selon le principe d’une architecture combinatoire, mais y ajoute une originalité : celle de créer de multiples liens au sein même d’une image de paysage panoramique, qui renvoient vers d’autres noeuds (c’est le principe même de l’hyperpaysage).

Le schéma ci-dessous donne un aperçu de la structure d’ensemble.

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Structure de l’hyperpaysage de Malchamps

Une partie du site a volontairement été construite pour mettre en évidence le fonctionnement de la fagne de Malchamps en tant qu’écosociosystème au départ d’une question concernant l’évolution du paysage : à partir d’un panoramique pris d’un point élevé, qui permet d’embrasser une large portion de la fagne, le visiteur peut découvrir, en activant les zones sensibles qui lui sont proposées, une vingtaine de facteurs qui ont un impact sur le paysage (le climat, la fréquentation touristique, le gibier, le développement spontané de la végétation, la nature des sols, ...).

Tous ces facteurs d’incidence sont reliés entre eux ; des liens renvoient aussi à de nombreux noeuds du site qu’il est possible de découvrir en explorant les trois parcours proposés au départ de l’hyperpaysage, comme nous avons voulu le mettre en évidence en rassemblant tous les facteurs d’incidence sur une seule page .

À partir de toutes ces informations et de ces liens croisés, le visiteur peut plus facilement reconstituer, par exemple sous forme d’organigramme, la problématique de la disparition de la fagne. En même temps, il peut aussi faire le lien avec les pratiques de gestion actuelles de la fagne, présentées dans un dernier panoramique (le Panoramique Territoire) auquel il peut avoir accès à partir du noeud de chaque facteur d’incidence.

À partir des informations contenues dans les noeuds concernant la gestion de la fagne, des liens renvoient vers d’autres parties du site, par exemple vers les facteurs d’incidence (Exemple à partir de la page consacrée aux semis, qui renvoie vers l’alimentation de la nappe phréatique, ou la page consacrée au parking ou aux caillebotis, qui renvoient vers l’impact du piétinnement des promeneurs sur la fagne) ou vers d’autres interventions d’aménagement (Exemple à partir de la page consacrée à la protection du gibier, qui renvoie vers la protection des plantations).

Les pages consacrées à ces interventions de gestion ne contiennent en général qu’un seul lien, permettant d’isoler un type de relation (lien causal pour le premier exemple et lien de coïncidence pour le second), sans que la nature de la relation soit explicitée. D’autres pages contiennent plusieurs liens de nature différente, toujours sans les distinguer (Exemple à partir de la page consacrée aux semis naturels, qui renvoie vers les méthodes de gestion de la forêt (lien d’appartenance) et vers la protection des nappes aquifères (lien de causalité) .

C’est un choix qui favorise la réflexion de l’élève plutôt que la transmission des informations sur la complexité des relations à l’intérieur d’un système. Mais il est vrai qu’il pourrait être intéressant de codifier les liens d’une façon ou d’une autre (par exemple en utilisant différentes polices de caractère), ce qui permettrait de souligner leur nature (liens vers des pages donnant une description détaillée d’un élément du paysage ou une explication ; liens de causalité, liens d’appartenance, etc.) et le fait qu’ils soient internes au site ou conduisent sur d’autres sites Internet .

3) Des astuces pour éviter de se perdre

Les multiples liens offerts au visiteur de pages web, s’ils présentent l’avantage de lui proposer une découverte selon un mode proche du fonctionnement associatif de son cerveau, ont cependant comme désavantage de rapidement lui donner la sensation d’être "perdu" (au bout de 3 "clics", il devient déjà difficile de se remémorer d’où l’on venait et sur quoi exactement on avait cliqué). Or, un de nos objectifs, en concevant cette visite virtuelle, est de faire prendre conscience de l’existence d’un système, ce qui nécessite d’avoir une vue d’ensemble tout en saisissant sa complexité. C’est pourquoi il nous a semblé important de pouvoir naviguer dans l’hyperpaysage de Malchamps en ayant le sentiment d’être dans un labyrinthe tout en disposant régulièrement d’outils pour se repérer.

Outre les menus classiques (un menu en haut de chaque panoramique permet également de le situer dans l’ensemble du corpus), les moyens suivants ont été implémentés :

les pages en pop-up : une technique relativement simple permet de faire apparaître une petite page en superposition, contenant en l’occurrence un mot d’accueil en début de chaque parcours ; • les minipanoramiques en bas de page : puisque toutes les informations sont accessibles au départ d’un hyperpaysage, un minipanoramique (image fixe) est inséré au bas de chaque page informative, permettant de retourner au paysage interactif en cliquant dessus ou tout simplement de situer en permanence l’information dans son contexte paysager ; • les cartes animées sous les panoramiques : une autre originalité des hyperpaysages est que, sous chaque panoramique, se trouve une carte animée, centrée sur le point d’observation, avec deux axes pivotant au gré du balayage visuel dans le paysage. Choisie à une échelle judicieuse, et si elle comporte suffisamment d’éléments pertinents pour faciliter le repérage dans l’espace, cette carte peut grandement contribuer à sécuriser le visiteur en lui permettant de localiser les différents panoramiques les uns par rapport aux autres. Il peut aussi y accéder en cliquant sur les points correspondants. • les pages "culs-de-sac" sont aussi un moyen de fermer un certain nombre de chemins.

4) Une approche culturelle du paysage

L’hyperpaysage didactique illustre quelques facettes d’une approche culturelle de la fagne de Malchamps :

• en situant le paysage visité dans son contexte local (lien vers le site de la ville de Spa) ;

• en proposant d’emblée trois parcours à partir du même paysage, animés selon des "regards" différents (parcours Nature = regard du naturaliste, parcours Eau = regard du producteur d’eau de Spa et regard de l’amateur de promenades sous la pluie, parcours Repères = regard qui cherche à situer les choses et à percevoir l’organisation de l’espace) ;

• en introduisant la rencontre avec six personnes, qui incarnent chacune un point de vue différent sur la fagne de Malchamps ;

• en faisant varier l’angle de vision et l’altitude de l’observateur (parcours Repères) ;

• en mettant en évidence les traces du passé, les changements intervenus et l’impact des pratiques anciennes sur le paysage d’aujourd’hui, contribuant ainsi à prendre conscience de son importance comme élément de notre patrimoine ;

• en évoquant les différentes idées et valeurs défendues (et de leur changement au cours du temps), au travers de la rencontre avec différents usagers de la fagne de Malchamps ;

• en donnant à voir la dynamique actuelle du paysage et en proposant d’imaginer à quoi il pourrait ressembler dans le futur.

5) Des parcours diversifiés

Diversité des centres d’intérêt

Dès le départ, l’intention était de déconstruire l’idée qu’il y a une seule façon de découvrir le paysage et de faire passer le message suivant : le regard sur le paysage dépend de l’observateur. C’est pourquoi le visiteur est directement confronté à un choix entre trois parcours. Il aurait pu y en avoir d’autres. Les portes d’entrée choisies sont des "centres d’intérêt", ou encore des contenus. Nous aurions pu proposer des parcours qui se distinguent plutôt par la façon de découvrir le paysage. L’important est de tenir compte, d’une manière ou d’une autre, de la diversité des sensibilités et des préférences.

Le point de départ de la découverte virtuelle de la Fagne de Malchamps est une tour panoramique, à partir de laquelle le visiteur a le choix entre trois parcours : le parcours "Nature", le parcours "Eau" et le parcours "Repères". L’activation de ces liens va donner accès à un hyperpaysage photographié chaque fois du même endroit, mais les zones sensibles proposées pour poursuivre la visite sont différentes pour chaque parcours, illustrant la subjectivité du regard de l’observateur.

Le parcours Nature est construit avec le regard du botaniste, qui identifie directement les différentes formations végétales de la fagne : la promenade virtuelle se poursuit en activant cinq zones sensibles (la hêtraie, la chênaie à bouleaux, la pessière, la lande tourbeuse, la lande sèche) qui aboutissent à cinq nouveaux hyperpaysages, au coeur des formations végétales choisies.

Le parcours Eau démarre dans une ambiance différente, sous la pluie, avec le regard de l’exploitant économique des réserves aquifères. Les zones sensibles désignent quatre zones de sources exploitées par la société Spa Monopole (Reine, Barissart, Source, Pouhon). Un clic sur les nuages donne accès à de l’information sur le climat.

Le parcours Repères donnera satisfaction au visiteur qui a envie de se situer dans l’espace. Il pourra accéder à une vision aérienne de la fagne en cliquant aux quatre coins du paysage. Les zones sensibles sur les photos aériennes (non panoramiques) vont donner de l’information sur les noms de lieux et faciliter un repérage sur une carte topographique.

Diversité des styles d’apprentissage

Toute personne intéressée par la question des styles d’apprentissage peut se construire une grille de lecture en observant comment nous avons tenté d’accrocher le visiteur en variant les plaisirs de la découverte tout au long des trois parcours : acquisition de connaissances dans des domaines divers (botanique, historique, géographique, économique, culturel), émotions esthétiques, intrigues, observations dirigées ou libres, repérage dans l’espace, repérage dans la structure du site, élaboration d’hypothèses, recherche intuitive, rencontre avec des personnes ressources, immersion sensorielle, recherche autonome, questionnement citoyen, ...

Nous avons déjà évoqué l’approche sensorielle, qui accueille les promeneurs au départ de la balade virtuelle, qui invite à l’émerveillement (intelligence intrapersonnelle). Voici quelques exemples d’autres types d’approches.

Le parcours Nature privilégie l’acquisition des connaissances scientifiques de type naturaliste : les panoramiques de chaque formation végétale donnent accès à une fiche descriptive standard pour un certain nombre de plantes présentes à cet endroit, pour quelques animaux susceptibles d’y être rencontrés et pour les types de sols que l’on y trouve. Nous avons voulu flatter le goût des naturalistes pour l’étude systématique, la dénomination et la description des détails : chaque fiche comporte une photo en gros plan, le nom en latin, parfois un schéma, ainsi que des informations présentées comme dans les guides d’identification de la flore et de la faune (Exemple : à partir du panoramique de la lande sèche, l’on peut découvrir l’airelle, la callune, la canche, le genêt, la myrtille et la myrtille de loup).

Le parcours Eau privilégie d’autres types de connaissances scientifiques, comme la composition physicochimique des eaux (Exemple : l’eau des pouhons).

Le parcours Repères va donner de l’information sur les noms des villages au loin, sur les bâtiments visibles, sur les infrastructures environnantes et faciliter un repérage sur une carte topographique. Dans tous les parcours, l’on trouve des informations historiques, comme par exemples sur les pratiques culturales ancestrales (Exemple : la pratique de l’écobuage) ou actuelles (Exemple : la gestion d’une pessière).

Pour certains, la sensibilisation au paysage passe par les rencontres humaines (intelligence interpersonnelle). Quel que soit le chemin choisi, le visiteur est amené à se questionner sur l’avenir de ce paysage à partir de la rencontre avec des personnes qui ont toutes des centres d’intérêt particuliers (bourgmestre, directeur d’entreprise, promeneur membre d’une association de protection de la fagne, scientifiques, agents forestiers). Chacun, à sa manière, est attaché à la fagne de Malchamps. Une photo de chaque témoin renforce le caractère humain et personnel des commentaires recueillis (Exemple : R. Gennée, garde forestier).

C’est ici, notamment, qu’un extrait audio aurait été le bienvenu, pour rendre ces rencontres plus vivantes.

Plutôt que de recevoir passivement de l’information, certains aiment les intrigues et la résolution d’énigmes. Quelques pages sont articulées à partir de l’observation d’éléments insolites dans le paysage comme les traces de lithalses (Exemple : à partir de la vue aérienne vers le sud-ouest) ou de billons d’écobuage et proposent au visiteur de chercher à en expliquer la présence par lui-même, éventuellement en complétant la première observation (par exemple par d’autres photos, ou en accédant à une carte relevant ces éléments insolites dans l’ensemble de la zone), avant de découvrir l’explication que les scientifiques en donnent aujourd’hui (intelligence logicomathématique).

Quant aux personnes qui se sentent davantage concernées par le paysage lorsqu’il y a un problème à résoudre, un débat et un combat à mener, elles auront l’occasion de s’interroger puis de découvrir les menaces qui pèsent aujourd’hui sur l’avenir de la fagne de Malchamps. Les pragmatiques pouront prendre connaissance d’une quinzaine d’actions entreprises pour gérer la fagne de Malchamps en tenant compte des principes du développement durable.

Chaque page contient au moins une image, sollicitant largement l’intelligence visuospatiale. Les documents visuels sont très variés (photos, cartes, graphiques, schémas). Les énigmes évoquées supra sont toujours posées à partir d’observations visuelles. L’imaginaire est sollicité également, lorsque le visiteur est invité à faire un tour sur le dos d’une "demoiselle" et découvre un panoramique comme s’il volait au ras des mousses et des bruyères .

Quant aux textes, la plupart sont souvent truffés d’hypermots (la forme hypertextuelle est privilégiée), invitant les intelligences verbolinguistiques à une lecture foisonnante. Certains en sont pourtant exempts : pages de repos sans choix à faire, à découvrir linéairement. Chaque texte est identifié par un titre, facilitant ainsi un repérage dans l’hyperpaysage par les mots. Pratiquement tous les hyperpaysages sont animés d’étiquettes contenant des mots clés (facilitant la mémorisation verbale) ou de courtes phrases (sollicitations verbales).

L’intelligence corporelle-kinesthésique est sollicitée d’une manière générale par la grande interactivité proposée dans les pages, lorsqu’il s’agit de chercher les zones sensibles escamotables dans le paysage avec la souris, de faire défiler le paysage manuellement ou d’accompagner son mouvement mentalement, de cliquer un peu partout, comme nous l’avons évoqué supra.