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Architecture des hypermédias

( 22 août 2008)

L’architecture d’un hypermédias, c’est la façon dont les différentes pages qui le composent seront structurées et reliées entre elles.

C’est le type d’architecture qui peut donner à l’hypermédia des qualités particulières qui nous intéressent dans l’approche systémique, à savoir la non linéarité et la multidimensionnalité.

Types d’architecture

Quelle que soit leur taille, l’architecture des hypermédias peut être de deux types :

1) Une architecture dite arborescente, en mode "tourne-page", où les informations sont hiérarchisées et le mode de parcours descendant, proposant une interactivité très limitée et un mode de lecture relativement linéaire. Le principe d’organisation est la séquentialité.

Certaines formes de bifurcation peuvent constituer de simples variations de la séquentialité mais donner l’impression d’une non-linéarité.

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Architecture apparemment non linéaire
Source : Balpe, 1990.

2) Une architecture combinatoire, avec des parcours à choix multiples, invitant à une lecture non linéaire du document.

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Architecture combinatoire
Source : Balpe, 1990.

La non linéarité des hypermédias

La non-linéarité n’est pas spécifique aux hypertextes/médias. C’est une caractéristique tant du processus d’écriture que de la lecture : en lisant, nous établissons constamment des liens avec les données emmagasinées dans notre mémoire, qui peut être considérée comme un immense hypermédia (Lévy, 1998).

La non-linéarité de la littérature hypertextuelle ne doit pas être confondue avec la multilinéarité des récits dans les "récits-dont-vous-êtes-le-héros", où "les fragments peuvent être lus dans des ordres divers et variables qui obligent le lecteur à produire un contexte interprétatif qui, en retour, détermine le choix des liens qu’il active et qui déclenchent la suite du texte" (Clément, 2000, p. 17). En effet, dans ce genre de récits, l’auteur a prévu les parcours possibles jusqu’à leur terme et ils doivent tous aboutir à une "fin de l’histoire", même si elle diffère d’un parcours à l’autre.

La non-linéarité se démarque par le caractère imprévisible des parcours potentiels :

"L’écriture d’un hypertexte est délinéarisée à partir du moment où nous constatons qu’il est impossible à l’auteur d’écrire dans l’ordre où il voudrait que sa production soit lue. Toute écriture devra tenir compte de cette spécificité qu’est la modularité" (Hustache-Godinet, 1999, p. 102).

La modularité est associée au principe de la déterritorialité : chaque noeud - chaque élément du système - est décontextualisé, par nature indépendant, autonome et doit pouvoir donner du sens hors contexte.

La non-linéarité est totale lorsque les liens renvoient à des sites extérieurs.

Pour Hélène Godinet, c’est la non-linéarité qui poserait le plus de problème aux apprentis-scripteurs d’hypertexte (ibidem, 1999). Avec les élèves, elle suggère de prévoir une progression dans la conception d’hypermédias, allant des hypertextes fermés aux hypertextes ouverts sur d’autres sites. Pour notre part, il nous semble au contraire techniquement plus simple de concevoir d’abord une page web avec un texte de dix lignes sur un sujet quelconque, avec pour consigne de créer le plus possible de liens sur les mots du texte vers des sites extérieurs, que de concevoir une architecture interne impliquant plusieurs pages, voire plusieurs dossiers.

La multidimensionnalité des hypermédias

Le point de départ du document hypermédia en constitue le premier niveau. Les liens qu’il contient mènent au deuxième niveau, qui peut également contenir des liens menant à un troisième niveau ou revenant au premier. Ce sont ces différents niveaux d’accès qui constituent le caractère multidimensionnel du document.

Le multifenêtrage, la possibilité de superposition de plans, les hypermots, les zones activables, donnent des profondeurs à l’espace-écran et invitent à mettre en oeuvre une lecture-écriture en superposition.

De plus, les éléments non visibles n’apparaîtront que si l’utilisateur active quelque chose, sans que les codes soient toujours explicités, alors que dans un livre, tout lui est donné.

Architecture combinatoire et approche systémique

Le caractère non-linéaire et multidimensionnel de l’architecture combinatoire d’un hypermédia nous intéressent tout particulièrement dans la mesure où cette structuration de l’information offre un terrain concret de croisement complémentaire entre l’approche analytique, qui divise en éléments, et l’approche systémique, qui relie ces éléments entre eux par des liens multiples :

N’y a-t-il pas un lien entre ces éléments de structure et l’emboîtement des systèmes et des échelles si cher aux géographes ? avec le fait qu’il faille aller chercher l’invisible derrière le visible du paysage ?

Il existe plusieurs outils d’aide à la conception d’hypermédias :

- les cartes de pensée
- les graphes de parcours
- les organigrammes
- les métaphores.

Références

Balpe J.-P., 1990. Hyperdocuments, hypertextes, hypermédias, Paris, Éditions Eyrolles.

Clément J., 2000. Hypertexte et complexité, Études françaises, Montréal, Les Presses de l’Université de Montréal, vol. 36, n°2. http://www.erudit.org/revue/etudfr/...

Hustache-Godinet H., 1999. Lire et écrire des hypertextes, Villeneuve d’Ascq, Presses Universitaires du Septentrion.

Lévy P., 1998. Qu’est-ce que le virtuel ?, Paris, La Découverte.

Partoune C., 2004. Un modèle pédagogique global pour une approche du paysage fondée sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication, thèse de doctorat, Université de Liège, ch. II.