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Ancrage environnemental

( 28 juillet 2008)

Percevoir et penser en hyperpaysage panoramique, c’est prendre conscience de notre besoin d’ancrage dans notre environnement familier pour oser aller vers l’inconnu.

Il nous semble en effet que les liens à créer dans le paysage nous renvoient à nos expériences quotidiennes d’orientation dans l’espace.

Pour R. G. Golledger (1992), lorsque nous nous trouvons quelque part, notre regard va aussitôt commencer à donner du sens à ce qui nous environne : il cherche des choses qui semblent différentes, ou au contraire qui ont une forme, une structure que nous croyons pouvoir reconnaître, qui nous dit quelque chose. Par exemple, tel arbre, tel bâtiment, tels individus me surprennent ou au contraire évoquent un souvenir, un savoir, une expérience.

Certains auteurs parlent de ce réflexe en disant que nous créons une sorte de cairn, ou encore que nous jettons comme une ancre à laquelle nous donnons du sens pour nous y amarrer (a sense of location).

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Un cairn : pyramide de pierres édifiée en montagne pour baliser un chemin.
Photo C. Partoune 2008.

Ces cairns, ces ancres peuvent être considérées comme des métaphores ontologiques : ce sont des images mentales très souvent concrétisées par une image physique, qui nous donnent une représentation instantanée d’un objet ou d’un phénomène (principe d’économie cognitive).

Pour organiser le chaos, nous pouvons créer une autre ancre, la relier à la première (par exemple en créant un chemin) et poursuivre le processus d’ordonnancement de la masse d’information bombardant nos sens. Cela nous procure un sentiment de sécurité en nous permettant d’identifier notre environnement, même quand toutes les choses apparaissent étranges, ce qui provoque en général la peur, une impression de danger potentiel, une méfiance. Le système que constituent les ancres reliées entre elles peut être considéré comme une métaphore d’orientation.

Cette idée d’ancrage et d’amarrage est à mettre en parallèle avec la notion d’ancre dans un document hypermédia, qui permet d’accrocher un lien à une partie du texte ou à un objet précis. Le fait de choisir, dans un paysage, quels seront les éléments cliquables, est un acte similaire à la pose de balises sur un chemin.

L’idée importante ici est que le panorama de notre environnement habituel nous sert de base : il nous fournit un stock d’ancres disponibles pour être projetées dans un espace inconnu. Plus notre base sera diversifiée, plus les liens entre les ancres qui constituent cette base seront riches, plus nous serons à même d’aborder l’inconnu.

Sur le plan pédagogique, cela signifie qu’il est important, dès le plus jeune âge, d’apprendre à donner du sens à tout ce qui nous entoure.

Référence

Golledger G., 1992. Place Recognition and Wayfinding : Making Sense of Space, Geoforum 23, n° 2, pp. 199-214.

Partoune C., 2004. Un modèle pédagogique global pour une approche du paysage fondée sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication, thèse de doctorat, Université de Liège, ch. II.