Es-tu déjà allé à l'Opéra ? Si oui, qu'en as-tu pensé ? Si non, pourquoi ?

Les jeunes vont-ils à l'Opéra ? Pour répondre à cette question, nous avons interviewé Vincent Wirtgen.

L'Opéra, un moyen d'épanouissement !


 Quelles est ta fonction à l'Opéra Royal de Wallonie ?

"Je suis responsable du service pédagogique. Concrètement, je suis le lien entre toutes les activités organisées pour les jeunes à l'Opéra : promotion des spectacles, activités pour les écoles, pour des groupes de jeunes.
Nous avons créé deux clubs : les enfants du paradis (6-12 ans) et l'entrée des artistes (15-25 ans). Pour chaque groupe, une activité par mois est organisée. Pour les plus petits, il s'agit de jeux, de répétitions générales. Pour les grands, il s'agit plutôt de rencontres avec des artistes et des préparations aux spectacles. Ces deux groupes comptent environ 100 jeunes dont une quarantaine qui ont aux alentours de 20 ans. Il y a 2/3 de filles."


 Qu'est-ce que tu entends par "préparation aux spectacles" ?

"Nous préparons donc les jeunes en leur expliquant (dans ce que l'on appelle un "lever de rideau") la mise en scène, le compositeur, l'histoire, le contexte de l'époque par rapport à l'oeuvre et au compositeur, etc. parce que c'est plus difficile, je crois, de rentrer dans un opéra que dans un film."


 Mais comment ces jeunes arrivent-ils dans ces clubs ? Est-ce que ce sont surtout des jeunes étudiants d'écoles artistiques ?

"Il y en a bien sûr qui ont des affinités artistiques mais beaucoup viennent suite à l'influence d'un ami. C'est surtout, je pense, le bouche à oreille qui fonctionne bien. L'Opéra ne fait pas réellement de promotion si ce n'est le dossier de presse qui sort une fois par an. Certaines activités sont quand même médiatisées."


 Donc, ce sont avant tout des jeunes qui font eux-mêmes la démarche de venir à l'Opéra ...

"Oui, ça c'est certain ! Mais nous organisons depuis 2 ans une collaboration avec les écoles qui le souhaitent : les directeurs sont au courant de cette possibilité que nous leur offrons et certains nous contactent. Nous avons fait cela avec des écoles générales mais aussi une école professionnelle. Ces élèves ont assisté à dix séances à l'Opéra où nous faisions visiter le théâtre, les ateliers, puis une rencontre avec un metteur en scène, un scénographe, un éclairagiste, ... Les séances furent bouclées par la vision d'un spectacle."


 Comment ont-ils réagi ?

"Ils étaient emballés ! Au départ, ils ne paraissaient pourtant pas très chauds et étaient plutôt turbulents. Au fur et à mesure, nous les sentions vraiment intéressés et l'Opéra les a vraiment étonnés."


 Ces jeunes-là reviennent-ils spontanément ?

"Il y en a, oui, qui viennent s'inscrire dans le club ou assister à des spectacles. D'autres n'apprécient pas."


 Pourquoi à ton avis, n'y a-t-il pas plus de jeunes qui viennent à l'Opéra ?

"L'Opéra est souvent considéré comme quelque chose de ringard, pour les vieux riches... J'essaye pourtant de casser cette image quand j'arrive dans les écoles en short ! Ils voient l'Opéra comme une organisation très autarcique. C'est un monde vraiment inconnu et il faut réellement se lancer pour ouvrir la porte. Je comprends cela, je l'ai vécu il y a encore peu de temps."


 Le prix n'est-il pas aussi une raison ?

"Je ne pense pas parce que les spectacles sont en fait à bon prix. Pour les jeunes des 2 clubs, chaque activité ne coûte que 200 Fb. Pour tous les jeunes, les spectacles, eux, reviennent à 300 Fb. C'est plutôt démocratique, non ? Malheureusement, les jeunes ne connaissent pas ces prix."


 Pourquoi est-ce si important à tes yeux de faire découvrir l'Opéra aux jeunes ?

"Parce que j'estime que l'Opéra, c'est quelque chose d'extraordinaire. Dans les écoles, on fait souvent la promotion du théâtre ou du cinéma... L'Opéra, c'est tout à fait abstrait, non seulement pour les jeunes, mais aussi pour les profs. Pour moi, c'est un spectacle encore plus complet que le théâtre de par le fait qu'il y a la musique. C'est une dimension très importante qui rend un côté dramatique qu'on ne trouve pas dans le théâtre. C'est ce côté sensible que je trouve extraordinaire et qui manque pour moi au théâtre. La musique donne vraiment une autre dimension. C'est un moyen d'épanouissement comme le sport ou tout autre activité."


 Y a t-il un changement de public en fonction du spectacle ?

"C'est vrai qu'il y a moins de répondant pour les spectacles contemporains auprès des personnes plus âgées. Cela nous permet de faire une grande promotion auprès des jeunes. Je pense que pour entrer dans la musique contemporaine, il faut des clefs, parce que l'on n'a pas de références comme c'est le cas pour la musique classique. Mais quel que soit le spectacle, l'occupation des salles est d'environ 90 %. Il y a au total 1030 places."


 Les travaux de la Place Saint-Lambert ont-ils modifié ou vont-ils modifier le flux de public ?

"Je ne pense pas, parce que l'Opéra avait déjà son parking. Ce qui est certain, c'est que les travaux et notamment le piétonnier ont mis en valeur l'Opéra. Désormais, on le contourne à pied et plus en voiture. De là à dire que cela a une influence sur le public... C'est difficile à dire !"


 Quel regard portes-tu sur l'éventuelle venue du Théâtre de la Place à l'espace Tivoli ?

"Ce serait vraiment génial. Il y a déjà des collaborations entre le Théâtre de la Place et l'Opéra. La place Saint-Lambert deviendrait LE lieu culturel liégeois ! Et puis, la proximité géographique de ces deux lieux pourrait être bénéfique, tant pour le Théâtre que pour l'Opéra."


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Auteur et webmaster : Marie Pirenne, Laboratoire de Méthodologie de la Géographie de l'Université de Liège
Contact : didac.geo@ulg.ac.be
Dernières mises à jour : Avril 2002